Chronique Album
Date de sortie : 24.01.2005
Label : Virgin
Rédigé par
Jean-Christophe Gé, le 30 janvier 2005
Les Chemical Brothers ont-ils succombé aux sirènes de la facilité ? Se sont-ils complètement grillé le cerveau à force d'expériences chimiques plus que musicales, ou est-ce seulement le soleil d'Ibiza qui leur a ramolli le beat ? Cet album sent le plastique et le centre commercial, et a même un arrière goût de Fatboy Slim : de la techno pour bouger des corps imbibés.
J'appréciais dans les Chemical Brothers, le mélange festif de la dance et l'humidité bien glauque du nord de l'Angleterre. Ils nous incitaient à faire la fête pour faire passer les côtés moches de la vie, pas pour profiter facilement de sa jeunesse.
La seule marque d'honnêteté de cet album est d'être ouvertement un pur produit du presse bouton : appuie sur le Q pour la grosse boucle qui fait bouger les hanches, le W pour faire un scratch rigolo, le E balance des clap-clap, le R un sample de télévangéliste, le T une boucle de basse vintage... Avec les 26 lettres de l'alphabet + le pavé numérique + les caractères spéciaux, ça fait un album riche en sons, mais guère plus intéressant qu'une animation en flash sur internet.
Même les invités présents sur la moitié des morceaux n'y donnent pas plus d'intérêt. Believe est un remix raté de Bloc Party avec juste la voix de Kele Okereke qui répete à l'infini « I need to believe ». Devant le résultat je comprends son incrédulité.
Et puis au milieu de tout ça, trois morceaux brillantissimes comme le très intimiste Close Your Eyes et le revendicatif Left Right. Hold Tight London sera quant à lui la bande son de mes retours en taxi après des soirées juste ce qu'il faut d'arrosées pour avoir l'impression de voler, mais sans le mal de l'air. Ce sentiment bien connu de joie mêlée de nostalgie d'après-fête.
Les Chemical Brothers tenaient avec ces titres, trois magnifiques EP et leurs faces B. Ils ont malheureusement fait le choix d'en faire tout un album, de ceux qui précipitent la mort du CD au profit du téléchargement, légal of course, au titre par titre.