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The Human League - Credo
Chronique Album
Date de sortie : 14.03.2011
Label : Wall Of Sound/PIAS France
1
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 20 mars 2011
Impossible de penser, de parler et d’honorer les années 80s sans passer par eux. Pas une compilation, pas un film, pas une soirée souvenir des années Giscard – Mitterand qui ne reprennent au moins un de leurs tubes. Adam Sandler (dans Don't Mess With The Zoan!) les Monarchy ou les We Have Band ne me contrediront sûrement pas, The Human League est à la new wave ce que les Sex Pistols étaient au Punk ; un groupe précurseur d’une mode, de sonorités et même d’un style de danse qui, à défaut d’avoir le talent et les compositions des plus grands, savait flairer les rythmes du moment et anticiper les attentes des discothèques les plus branchés de la planète. Don't You Want Me, Fascination, Lebanon... autant de titres qui peuplent les compilations estampillés eighties, de la plus commerciale à la plus branchée.

Dix ans après leur dernier album, Secret, et plus de vingt ans après le Dare qui resta soixante treize semaines (oui, 73 !) à la place de numéro 1 en Angleterre et qui fut triple disque de platine, la bande à Phil Oakey, réduite à une peau de chagrin (plus de six membres ont intégré et quitté le groupe en vingt ans), comprenant Joanne Catherall et Susan Ann Sulley, rebondit sur le revival synth-pop illustré par nombre de jeunes formations depuis 2009 et retente le diable et les quadragénaires en mal de groupes version « originale ».
À cinquante ans passés, le trio ressort des fly case les sonorités qui ont fait sa fortune, la voix grave et profonde de Phil qui a fait une partie du succès du générique du film Electric Dreams (composé par Giorgo Moroder) et les recettes de papa Gary Numan, véritable chef de file de la mouvance new wave à l’époque où Human League venait de se former.
L’avantage d’avoir été la voix de tubes interplanétaires se mesure dès le premier titre. Identifiée immédiatement et sans aucun doute possible, on se sent transporté trente ans en arrière, à une époque où l’URSS dominait le pacte de Varsovie et où les États-Unis étaient gouvernés par un acteur de seconde zone. La musique d’alors, même la plus populaire (on ne disait pas encore « Dance music ») glaçait le sang en jouant sur des tonalités électroniques minimalistes novatrices ; les clips réalisés comme des courts métrages racontaient des histoires de fin du monde ou de fin de soirée et une attention particulière était apporté au style vestimentaire, ultra graphique et au maquillage, couvrant les hommes comme les femmes et plus appuyé que sur une danseuse du Lido !

Malgré ce doux sentiment de nostalgie et en dehors de toute cette production qu’on imagine avoir puisé dans la bible musicale des années 80s où se côtoient Visage, Heaven 17 (que formera Martin Wayre, ancien membre de Human League) ou Propaganda, il faut reconnaître que ce retour est un échec retentissant ! Bien sûr, Human League n’a jamais concouru dans la division des groupes légendaires dont les compositions ou les textes pourraient encore être étudiés en 2050 par des adolescents redécouvrant, sur des disques holographiques, les us et coutumes de ces curieux personnages aux look androgynes et aux regards d’androïde.
Si Phil Oakey et sa bande déclenchèrent à l’époque une certaine fascination, on se demande quelles ont été les motivations sincères à l’origine de cet album ? Réelle envie de rejouer et de composer à nouveau ou véritable nécessité d’engranger des royalties pour payer ces taxes ? Electric Shock, qui s’essaie maladroitement dans les vestiges d’une techno dépassée, peut encore déclencher un peu de compassion et notamment pour services rendus à la génération dont je fais partie, mais le reste de l’album est une farce tragique !

A la vue du vidéo clip de Night People, véritable pub promotionnelle pour une marque de maquillage ou un gel coiffan,t mais dans des styles qui n’ont plus rien d’avant-gardistes comparés, par exemple, à Don't You Want Me, on imagine la vision « bling bling » que Oakey se fait de la musique actuelle. A partie de là, une seule envie : finir cette chronique qui sonne comme une trahison pour le quadragénaire que je suis et laisser les sites et blogs people s’extasier sur un groupe dont ils ont vaguement entendu parler mais qu’ils ne connaîtront au fond jamais.
tracklisting
    1. Never Let Me Go
  • 2. Night People
  • 3. Sky
  • 4. Into The Night
  • 5. Egomaniac
  • 6. Single Minded
  • 7. Electric Shock
  • 8. Get Together
  • 9. Privilege
  • 10. Breaking The Chains
  • 11. When The Stars Start To Shine
titres conseillés
    Electric Schok, Night People
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