Mazes

Personne ne nous a prévenus mais Manchester est désormais situé en Californie. Le quatuor Mazes, bien qu'aujourd'hui expatrié à Londres, fait mentir la réputation de la ville, et nous nous en réjouissons.

Si depuis deux ou trois ans les Américains s'emploient, avec succès d'ailleurs, à piller l'héritage indie britannique (Minks, Crocodiles, Beach Fossils), certains Anglais ont eu la bonne idée de leur rendre la pareille en s'attaquant aux glorieuses heures du rock américain. Yuck, Male Bonding et aujourd'hui Mazes n'en sont que les plus flagrants exemples. Issus de la brillante scène DIY, dont je ne cesse de vous conter les aventures dans ces colonnes, Mazes se sont illustrés par une poignée de singles décoiffants et se sont rapidement transformés en parrains de la scène, en étant notamment à l'origine des deux labels Suffering Jukebox et Italian Beach Babes, rien que ça ! Le groupe passe enfin la première, désormais épaulé par la maison FatCat.

Treize morceaux et trente-et-une minutes : autant le dire d'emblée, ce n'est pas ici que vous trouverez de longues plages de post-rock contemplatives et expérimentales. Mazes fait dans la simplicité rock, avec des chansons accrocheuses, hymnes adolescents emballés en trois minutes et portés par un refrain crochet. Souvent enjouées et portées par la gouaille, elle bien britannique, de leur chanteur Jack Cooper, les chansons de A Thousaud Heys fleurent bon le célèbre soleil de Manchester et la guitare fuzz.
Quelque part entre Pavement, la power pop (le superbe Summer Hits or J Plus J Don't Like) et les brûlots pop punk des Buzzcocks, nous sommes donc en terrain connu, mais force est de constater que Mazes y navigue avec brio.

L'album contient une demi-douzaine de singles potentiels à faire pâlir d'envie ce branleur de Wavves. Most Days, par exemple, est admirable : une minute et quarante-sept secondes de jubilation juvénile qui vous donneront une irrépressible envie d'enfourcher un skate, d'aller déconner avec vos potes, une bière à la main et de profiter de ce mois d'avril particulièrement estival.
Mais derrière ces quelques chansons instantanées se cachent également une poignée de pépites bien troussées, certainement moins simples (et moins rapides) mais toutes aussi réjouissantes. Go-Betweens, Cenetaph ou Til I'm Dead et son improbable outro folk-rock nonchalante laissent penser que Mazes en ont encore sous le pied et que leur talent dépasse largement celui, déjà flatteur, de faiseurs de tube.

Et si nous tenions là le meilleur album anglais de ce début d'année 2011 ? Mazes, à l'image de ses illustres pairs britanniques (Supergrass, Blur...), nous prouve une fois encore qu'en révisant avec intelligence ses classiques, il est possible de créer un excellent disque. De bonnes chansons pop se suffisent à elles-mêmes. Et que leur faut-il ? Une bon refrain, des mélodies accrocheuses et une réalisation simple et efficace. A Thousand Heys en est justement rempli !