Kitty, Daisy & Lewis

Le premier single de Smoking In Heaven, sorti en mars dernier, annonçait déjà la couleur. Avec lui voyait le jour le clip de I'm So Sorry, en noir et blanc. Les instruments de musique y sont posés à même le sol de ce qui ressemble à un vaste parking souterrain. Sensation de retour dans le temps garantie.

Souvenez-vous : Sur son précédent album Mohair Sam, la fratrie reprenait des titres de Canned Heat (Going Up The Country) ou de Charlie Rich (Mohair Sam). Si les frères et soeurs Durham ont préservé le côté rétro qui fait toute leur identité musicale, ils ont cette fois-ci chercher à varier les plaisirs. Dès les premières notes de l’album, on se croirait au milieu d’une fanfare de rue, emporté par les sonorité ska de Tomorrow. Une envie furieuse de danser se fait ressentir, à mesure que défile la joyeuse mélodie. Le swing de Will I Ever nous replonge dans l’ambiance de l’excellent Mohair Sam, avant de revenir aux sensations rock’n’rollesques avec Baby Don’t You Know et You’ll Be Sorry. Sur Don’t Make A Fool Out Of Me, la voix motown de Lewis semble parvenir du fond de la scène d’un vieux dancing du Middlewest. Puis s'enchaîne I'm Going Back, sur laquelle on imagine fort bien Daisy cracher de sa voix rauque dans son micro.

Nous voilà bientôt au cœur d’un piano bar, au beau milieu des couples virevoltants, quand résonne Paan Man Boogie. C’est ensuite au tour d’une pop mêlée de soul de s’inviter à ce joyeux melting-pot tout au long de Messing With My Life.
Sur la pochette de l’album, Kitty et Daisy, lèvres rouges et chevelures noires coiffées en banane, partagent avec Lewis une table couverte de tabac, d’alcool et de biscuits, digne d’un lendemain de soirée arrosée. De leur musique ressort une âme vintage assumée, qui néglige pourtant les codes de la mode rétro du moment. Les instruments, nombreux et variés, ne jurent pas avec cette traversée dans le temps.

Trois ans après leur premier album, les Londoniens réussissent le tour de force d’innover tout en conservant le style coloré qui leur est propre. En intégrant un champ de genres musicaux plus vaste à leur palette, ils surprennent par leur créativité et une grande maîtrise des instruments, auxquels ils laissent la part belle, comme sur Smoking In Heaven, chanson éponyme de l'album.