Prinzhorn Dance School

On croit tout connaître des chanteurs via leurs chansons, avec Prinzhorn Dance School la tendance est maintenant de savoir ce qu’ils pensent. Ni questions, ni réponses, Clay Class est un long argument sans structure qui semble ne pas avoir de conclusion ou finalité, excepté celle d’évoquer les intentions du groupe, qu’on ne peut donc limiter ou comparer aux autres membres du label DFA. Sur ce second album, la musique, à la rythmique sèche, de Prinzhorn Dance School se veut pointue et épurée : un post-punk tout sauf héritier des Sonic Youth. Son évidente parenté est à chercher du côté de Gang Of Four. La comparaison s’arrête là, et ne vaut ni plus ni moins qu’une comparaison formelle. Trop évolués pour ressembler parfaitement à ses pairs, mais, certainement, pas encore assez pour ne pas s’en influencer plus ou moins sciemment.

Après un premier album mi-figue mi-raisin, le duo de Brighton à l’accent british se pose en sauveur pour un album placé sous le sceau de la sobriété où basses et percussions suggèrent le rythme. Un tel parti pris n’était pas sans risque. On s’attend à tout moment à ce que la méthode tombe à l’eau, et pourtant l’écoute rebondit sans cesse, sans que l’on se casse les dents. En véritable sentinelle de notre temps, Tobin « Prinz » et Suzi « Horn » brandissent un doigt d’honneur tourné vers le passé. Peut-être vers le futur également. Et cette hyper-conscience pour le bien de notre époque, on la retrouve dans leurs valeurs écologiques, du genre « tant que tout le matériel CD ne proviendra pas de filières du recyclage, on ne fera rien ! ». Loin des millions dépensés par les émissions sur le développement durable (là, honnêtement, des baffes se perdent), le duo revendique avant tout son approche DIY.

Branlant mais habité, Prinzhorn Dance School s’abandonne à la précarité de la musique. Lui joue de la guitare, elle de la basse, ensemble ils chantent et les refrains, naviguant entre le souci du détail et la rigueur de l’ensemble, suffisent à faire décoller Clay Class. Comment font-ils ? C’est simple : cette passion pour le fait-maison les incitent à composer/enregistrer/produire dans des lieux insolites (églises, usines,...), leur permettant d’insuffler l’urgence dans leur composition en équilibre instable.

James Murphy peut se réjouir. Si Prinzhorn Dance School n’est pas le plus dansant de ses protégés, il est peut-être celui qui accorde le moins d’importance à l’élégance des choses, laissant apparaitre les erreurs pour mieux éviter les simplifications grossières. Et ce qui empêche Prinzhorn Dance School d’atteindre le sublime est précisément ce qui fait son charme.