logo SOV

Electricity In Our Homes

Dear Shareholder

Electricity In Our Homes - Dear Shareholder
Chronique Album
Date de sortie : 27.02.2012
Label : Fierce Panda
15
Rédigé par Jeremy Leclerc, le 1er mars 2012
Bookmark and Share
Dans la catégorie « groupe portant un nom ridicule trouvé après une soirée de biture » les Electricity In Our Homes ne sont pas loin d’être les grands favoris pour rafler le prix tant convoité par les Arctic Monkeys. Ce trio londonien formé en 2007 par Charles Boyer (guitare/voix), Bonnie Carr (basse/voix) et Paul Linger (batterie) sort aujourd’hui son tout premier album, Dear Shareholder, avec le soutien de quelques artistes reconnus tels les Black Lips, Tim Burgess ou les Raveonettes.

S’amuser est la principale raison pour laquelle une bande de potes veut monter un groupe à guitares. S’amuser avec des filles en mini-short qui joueraient le rôle de groupies est souvent l’unique raison. A voir la composition du groupe et la présence d’une fille à la basse, on peut remettre en cause ce précepte, à moins que la demoiselle soit elle aussi attirée par les franges et les petites culottes. Après cinq années passées sur les routes et dans le garage familial, entre la machine à laver de maman et les outils du paternel, la musique d’Electricity In Our Homes garde encore cette fraîcheur, cette volonté presque naïve de s’amuser inhérente à tout groupe qui débute. Propres sur eux, troquant parfois la chemise grise boutonnée à ras le cou pour des tee-shirt noirs qui sentent bon la Soupline, c’est dans un post-punk adolescent et rythmé que s’inscrit la musique de ce Dear Shareholder estampillé lo-fi.

L’adolescence ; MGMT connaîssent bien ça, eux qui ont été les représentants d’un hédonisme blasé, peut-être trop lucide pour leur âge. Il n’est donc pas bizarre de trouver un vague air de ressemblance entre le chant de Charles Boyer, celui du chanteur de Cage The Elephant et celui de Andrew Vanwyngarden, le lien étant cette voix fluette de petit garçon qui ronge son frein en lisant en cachette, dans le garage, les vieux Playboy de papa tout en chantant sur de vieilles ritournelles pop. Parfois, pour notre plus plus grand bonheur, c’est la grande sœur et sa voix mielleuse qui prennent le relais, comme sur Appletree, donnant un caractère paradoxalement plus masculin à l’affaire, alors que le groupe se regarde le nombril pendant cinq minutes, jouant en boucle comme des autistes qui découvriraient leurs instruments.
Le plus frustrant dans toute cette histoire est le mixage du disque, affreux. As Fast As Lightning en symbole de ce massacre ; comme si le groupe avait voulu se tirer une balle dans le pied. La grosse caisse et la voix en avant, la basse qui bourdonne comme un essaim d’abeilles qui viendrait butiner mon cérumen, et la guitare rêche reléguée au second plan, comme un pin’s sur le revers d’une veste en jean H&M, un vulgaire bout de bois sur lequel on gratterait jusqu’à l’amputation de la main, le sourire aux lèvres, inconscient de la débilité du geste.

Ensuite, c’est le trou noir total. Trois chansons pendant lesquelles il ne se passe rien. Kidnappé et lobotomisé par des extraterrestres pendant neuf minutes et cinquante cinq secondes. Sorti du coma grâce à South Of France et aux premières notes de guitare évoquant les Strokes, je me rappelle que j’écoutais de la musique avant de sombrer. Enfin, quelque chose dans le genre. Le réveil a du bon, c’est certainement un des meilleurs morceaux de l’album. Il surnage avec aisance dans un océan aussi plat que la poitrine d’une fille de huit ans. Le groupe se rattrape, un peu ; Aching, Breaking, Shaking For You a des faux-airs de Cage The Elephant dans la voix et les mélodies, en plus d’un refrain addictif. La puissance de feu en moins, mais à ce stade-là on ne fait plus la fine bouche. Ultime baroud d’honneur avec Drumming Around The Room Part 2, les épées en plastique en avant.

Symbole d’une musique manquant cruellement de caractère, à tel point que l’on peut se demander si une fois passée la crise d’adolescence il en restera quelque chose.
tracklisting
    1. Drumming Around The Room (Part One)
  • 2. Appletree
  • 3. Fast As Lightning
  • 4. Oranges
  • 5. Buddy Lemonade
  • 6. We Are All Trooping Off In A Big Old Gang
  • 7. Nothing If Not Lovely
  • 8. South Of France
  • 9. Aching, Breaking, Shaking For You
  • 10. Drumming Around The Room (Part Two)
  • 11. Play It Over
titres conseillés
    Appletree - South Of France - Aching, Breaking, Shaking For You
notes des lecteurs
Du même artiste