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Electricity In Our Homes

Paris, Café de la Danse - 2 juillet 2011

Live-report par Olivier

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Initié en 2000, le Lady Fest est, à l'origine, un festival artistique associé au mouvement des Riot Grrrl (90's, Bratmobile, Le Tigre, Sleater Kinney, Gossip, Cat Power à ses début...). Le but était de créer un réseau artistique par et pour des femmes, alors que l'industrie était avant tout dominée par une scène essentiellement masculine, le mouvement, plutôt contestataire des Riot Grrrl se voulant très ancré dans les cultures féministes, anglo-saxonnes, punk/rock/électro, homosexuelles et trans-genres.

Le festival s'est, par la suite, exporté dans d'autres villes américaines, puis en Europe (Ladyfest 10 a été fêté en Angleterre l'année dernière avec des groupes comme MEN), chaque ville organisant de façon indépendante son festival qui, dans l'esprit, reste très indé/arty, Do It Yourself et mis en place par des bénévoles. Il y a eu trois Ladyfest en France jusqu’à maintenant (entre 2000 et 2007, à Nantes, Toulouse, Bordeaux) mais jamais à Paris... jusqu'à cette année !

A l'affiche ce soir, les britanniques d'Electricity In Our Homes aux cotés de The Big Crunch Theory, Tender Forever et Terry Poison. Composé de Bonnie Carr à la basse et au chant, de Paul Linger au chant et à la batterie et de Charles Boyer au chant et à la guitare, Electricity In Our Homes ouvre cette première édition de Ladyfest Paris avec style !
Quelque part entre les groupes post-punk Talking Heads et Delta 5, largement inspirés par les sons expérimentaux de Sonic Youth que la basse envoûtante de Bonnie Carr rappelle avec brio, le trio londonien est, selon quelques médias d’outre-Manche, ce que la scène DIY britannique fait de mieux. Résolument funk, électro voire pop minimaliste et excitée avec du punk dedans, Electricity In Our Homes jouent des répétitions de paroles et de rythmes à contre temps (Oranges). Une fois n’est pas coutume, c’est donc un groupe majoritairement mâle qui ouvre un Festival dédié au filles ! Ceux qui, l’été dernier, enregistraient un clip vidéo sur les toits de leur banlieue de Londres (le très bon et très psychédélique Appletree : neuf minutes de complainte minimaliste) à la manière des U2 pour I Still Haven’t Found, évoluent sur les traces vertueuses des gentils groupes venus du froid dans les mid eighies - Aztec Caméra, China Crisis ou Scritti Politi – avec un soupçon de pessimisme en plus !

Un chant froid et inquiétant souvent partagé et interprété par les trois compères donne un air de mini-chorale, apparemment recherché dans leurs compositions. Parfois à la limite de l’expérimentation, comme le furent les Talking Heads à leur époque, des titres comme You Want To laissent quand même une sensation mitigée ; entre un idée de talent et un soupçon d’ennui du aux sons trop répétitifs et embrouillés. Et encore, il paraît que leurs premiers concerts étaient tout simplement inaudibles et pouvaient durer, parfois, dix minutes montre en main ! Des morceaux comme Fun Fun Fun ratissent du côté du Krautrock à la Can ou Neu, plus que du coté de la pop froide et claire que semblent maintenant vouloir imposer Electricity In Our Homes. Leur premier disque, dont quelques extraits sont déjà disponibles sur le Web, s’apellera Dear Shareholder et est prévu pour septembre prochain.

Si leur ramage se rapporte à leur plumage, Electricity In Our Homes – dont les membres ne sont pas du genre à faire de chichis sur leurs tenues, pulls graphiques et pantalons sombres taille haute – devraient s’entrouvrir de belles portes en Europe avec une énergie propre aux formations qui intellectualisent d’abord et avant tout la musique, comme le faisaient, avec plus ou moins de talent, les groupes de new wave Anglais dans les années 80.