Kaiser Chiefs

Après avoir connu un succès retentissant outre-Manche puis en Europe lors de la sortie d'Employment en 2005, Kaiser Chiefs ont vu leur carrière doucement mais sûrement décliner en dépit d'une popularité toujours évidente dans les salles de concerts. Trois albums plus tard, l'heure est au bilan avec la parution d'un Best Of au titre évocateur d'une possible fin de carrière anticipée, Souvenir : The Singles 2004-2012.

Dès la publication de leur premier single, Oh My God, le 10 mai 2004, Ricky Wilson, Andrew « Whitey » White, Simon Rix, Nick « Peanut » Baines et Nick Hodgson semblent promis à un avenir brillant. Ceux que la presse et le public perçoivent déjà comme la relève la plus sûre de la scène britpop collaborent alors le mythique producteur de Blur, Stephen Street, amplifiant plus encore le parallèle évident avec leurs influences. Avec pas moins de cinq singles publiés et plus de deux millions de copies d'Employment écoulées outre-Manche, Kaiser Chiefs deviennent en l'espace d'une année un groupe majeur.
Yours Truly, Angry Mob et Off with Their Heads, respectivement sortis en 2007 et 2008, usent et abusent de la recette ayant fait le succès du groupe tant et si bien que la pop du quintet, influencée par Blur, The Beach Boys, Talking Heads, David Bowie ou les Pet Shop Boys, peine à se renouveler à l'exception de quelques coups d'éclats (Ruby, The Angry Mob, Everything Is Average Nowadays, Never Miss A Beat...). Après une pause salvatrice de près de deux ans, The Future Is Medieval crée la surprise de par son mode de commercialisation : à partir d'une vingtaine de compositions proposées en écoute sur Internet, les fans de la formation de Leeds sont sollicités pour constituer leur tracklisting idéal et proposer ce dernier à leurs connaissances, avant que le groupe ne fasse son propre choix pour une sortie physique durant l'été 2011.

Aujourd'hui, sans que l'on ne sache réellement ce que l'avenir réserve à Kaiser Chiefs, leur courte décennie de carrière se voit ainsi résumée en l'espace de seize titres. Pour un groupe ayant basé son succès sur ses singles, quoi de plus logique que ce choix ? Seule absence au sein de cette liste exhaustive, l'inédit Sink That Ship ayant accompagné la réédition de I Predict A Riot en 2005, alors qu'une paire d'inédits (Listen To Your Head et On The Run) vient se greffer à l'ensemble et apporter un regain d'intérêt aux possesseurs de l'ensemble de la discographie du groupe. Si le premier nommé, au tempo très lent, n'a que peu d'intérêt, le second, très rythmé et porté par des sonorités plus électroniques, ne décevra pas les fans.
Sans ordre logique évident, le tracklisting de Souvenir : The Singles 2004-2012 met en valeur plus que jamais la machine à tubes que Ricky Wilson et ses quatre camarades sont devenus au fil des années. Rares sont ceux ayant été capables de produire à un rythme aussi souvenu une collection aussi remarquable de pop songs portées par ces gimmicks et solos de guitares entêtants, chœurs anthémiques et nappes de claviers de l'attachant Peanut. Des titres aussi bien adaptés au confort de petites salles qu'à l'ampleur des arenas souvent fréquentées de par le passé par ces cinq là, à savourer aussi bien au centre d'une fosse en fusion qu'au volant de sa voiture, en chantant à tue-tête, vitres ouvertes, sous un ciel bleu azur.

En perte progressive de vitesse, les Kaiser Chiefs, passés maître dans l'art de l'entertainment, auront malgré tout marqué de leur empreinte une décennie musicale souvent décriée outre-Manche. Sans véritable surprise ni quelconque disque bonus, la sortie prématurée de ce Best Of minimaliste aura pour principal mérite de faire découvrir à la jeune génération actuelle l'âge d'or d'un groupe ô combien attachant et fidèle à sa ligne de conduite depuis ses débuts.