Dignan Porch

Dignan Porch viennent de Londres et jouent (fatalement ?) de la pop. Encore un énième groupe sans âme, me direz-vous ? Pas du tout : chez cette formation, nul n'est question de titres à la production aussi lisse et douce qu'une peau de bébé ni de mélodies FM fades et trop évidentes. Chez le chanteur et leader Joe Walsh, son frère Sam Wash et leurs potes Ben Goodwin, Hayley Akins et Stephen Keane, le songwriting est aussi primordial que génialement conçu. Ce constat, on l'avait déjà remarqué sur leur premier essai, Tendrils; c'est le même que l'on retrouve sur Nothing Bad Will Ever Happen, leur nouvel album empli de pop songs illuminées dans lesquelles le combo revient faire frétiller et tordre ses cordes de guitare avec une personnalité très affirmée.

S'il fallait caractériser ce disque en moins de 140 signes sur Twitter, les adjectifs qualificatifs ne manqueraient pas : mélodique, psychédélique, mélancolique, énergique, noisy, électrique... Au final, Dignan Porch est un groupe aussi sale qu'inventif et prenant, qui lorgne autant vers la puissance mélodique de Pavement que vers la désinvolture des Black Lips (Sixteen Hits, Darkness) ou le psychédélisme de Connan Mockasin.

Résultat : on aime le son des guitares, délicieusement crades, sur une poignée de chansons pop-rock (She Is Landing), l'épure mélancolique des ballades TV Shows et And Are Now Not, la naïveté de Never, le refrain énergique et illuminé de Cancelled TV Shows, les solos électriques de certaines chansons, les multiples effets (réverbes, flanger, chorus...) sur l'instrumentation et le chant de Sad Shape, Picking Up Dust ou Sleep With the Dead, mais aussi les arrangements d'orgue (sur Pink Oil et Interlude notamment) ou l'ambiance noisy qui se dégage par exemple de Sleep With the Dead.

Dignan Porch n'est pas un groupe à la technique instrumentale impressionnante ; sa force réside dans son tempérament, son foisonnement d'idées, son univers sonore, ses mélodies imparables, et, finalement, son sens de la composition unique, lesquels prouvent que l'on peut écrire de bons titres avec le minimum syndical instrumental.