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Dignan Porch
By The Sea

Paris, Espace B - 15 février 2013

Live-report par Jeremy Leclerc

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Espace B. Aux confins du dix-neuvième arrondissement. Ligne 7, la ligne rose. Direction La Courneuve. La banlieue c’est pas rose, la banlieue c’est morose, mais il fait plutôt bon en cette mi-février alors c’est ok. Ce soir, Dignan Porch défendent leur second album Nothing Bad Will Ever Happen, et By The Sea leur premier, tous deux sortis en 2012. Il n’y a pas foule ni devant, ni dedans le café-concert. Il est 20h30, mais ça n’a pas commencé. Ca ne commencera pas avant une petite heure, je crois. La Pelforth est à trois euros cinquante jusqu’à vingt heures. Le patron est sympathique. Autant prendre une bière (une Leffe, pour ceux qui demandent). Les gens sont détendus alors c’est cool. Attendre dans ces conditions est plutôt agréable en fait : le temps n’a plus de prise, il est presque suspendu, je le regarde couler lentement en bon petit bourgeois. Les portes s’ouvrent enfin.

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Il n’y a pas grand monde pendant un moment. Dans la pénombre, le matériel posé sur scène dort paisiblement. By The Sea ne semblent pas pressés d’escalader l’estrade. Qu’on se le dise, ça se sent sur la qualité de leur concert. C’est d’un ennui à mourir. Pas mauvais, loin de là. Mais pas carré. On croirait voir évoluer un groupe de copains se réunissant pour la cinquième ou sixième fois seulement à l’occasion d’un tremplin rock. Le chanteur a une belle Jazzmaster bleu avec laquelle il dresse des nappes éthérées. Parfois ce sont des riffs bourgeonnant sous un soleil glacial. Malheureusement, le son est trop saturé. Le spectacle en devient ennuyeux. C’est la première fois que je vais aux WC pendant que des mecs jouent. J’avais bu trop de Leffe. Les WC de l’Espace B sont pas mal du tout en revanche. Blancs et propres. A l’heure qu’il est, on arrive encore à viser la cuvette.

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La salle se remplit progressivement. Dignan Porch montent sur scène un quart d’heure après avoir vidé leurs verres. Déjà, c’est mieux ; plus audible. Ils ont l’air gentils. Il y a une fille dans le groupe, derrière le clavier. Je les avais découvert avec Like It Was, une chanson mid-tempo, une espèce de pop à l’américaine qui exhale des parfums d’Ouest sauvage. Je me suis fait avoir. En réalité, le groupe n’a rien à voir avec ce style-là. Je pensais voir des plumes et des hippies, des barbes de trois semaines et sentir l’odeur lourde de la vie sauvage mais, au lieu de ça, j’ai vu des jeunes mecs jouer une pop douce, sentimentale, une musique de chambre d’étudiant qui noie son romantisme dans les jus de fruits arrosés à la vodka. Le quatuor rappelle à certains égards un autre groupe signé, lui aussi, chez Captured Tracks : Craft Spells. La même délicatesse, la même tendresse. Ça sonne sentimental dit comme ça, mais j’ai pas trouvé mieux. Un morceau en entraînant un autre, on ne voit pas le temps passer. Ils ne sont jamais tristes, malgré ce que peut laisser supposer le titre de leurs chansons : Darkness, Deep deep problem, Sad shape et j’en passe. Ils laissent de côté toute trace de niaiserie, et je les en remercie.

Ce concert restera-t-il dans les mémoires ? Sans doute pas. Mais il régnait une drôle d’atmosphère qui faisait de cette soirée un évènement agréable, presque hors du temps. Une bulle de simplicité dans laquelle flottait le doux parfum des abricots et des plaisirs simples de la jeunesse. Profiter de l’instant présent est parfois agréable.
setlist
    BY THE SEA
    Non disponible

    DIGNAN PORCH
    Game We Made
    Picking Up Dust
    Footsteps
    Sad Shape
    Darkness
    Deep Deep Problem
    On A ride
    Surge
    Like It Was
    You Win You Win
    Forever Unobscured
photos du concert
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