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Fieldhead

a correction

Fieldhead - a correction
Chronique Album
Date de sortie : 22.10.2012
Label : Gizeh Records
35
Rédigé par Kris, le 12 décembre 2012
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J’aurais eu finalement beaucoup de mal à écrire cette chronique de ce pourtant bel album qu’est a correction de Fieldhead. Non pas que le successeur du déjà appréciable They Shook Hands For Hours soit d’une complexité folle ou d’une beauté formelle peu encline à la description ; mais il s’agit plutôt là d’une difficulté contextuelle, d’une folle envolée statique. Comme si le monde s’était mis à tournoyait si vite que ne demeuraient désormais visibles que les lignes courbes de ses segments qui dénotent, ne se laissaient imprégner que les aspérités répétitives d’un mouvement inaltérable, finissant par n’en définir que les sempiternels similaires sillons. Tout va si vite, qu’alentour, tout s’étire à l’infini. Ne reste que fils et traits d’une existence en surface, d’un temps liquéfié en strates, d’où les couleurs perdront irrémédiablement leurs éclats et leurs effluves.

Il est atrocement difficile de sortir d’une écoute d’a correction. Non pas en raison de sa rigidité musicale, ni de son exigence intrinsèque, mais parce que Fieldhead nous impose cet espace temporel où le temps ne doit plus compter, où les repères ne sont plus ces luminances persistantes dans l’espace, mais où les directions se meuvent à mesure que l’on s’approche. Musicalement, il y a des semblants d’électro ou encore de post-rock et d’instrumental (tendance Balmorhea pour le lyrisme ou Max Richter pour la finesse) mais avec une profondeur et une noirceur à rapprocher de Mogwai ou de Slint. Tout en longueur et en allongement de l’espace sonore. Fieldhead s’immisce dans cet entre-deux où l’abstraction s’inspire de mélodies, tandis que le travail sur la texture sonore (ce grain omniprésent qui filtre les mediums) est aussi complexe qu’évident.

La difficulté et la singularité d’a correction résident en cette zone de non-droit des dominantes du genre, où les beats rythmiques s’effacent peu à peu, où les mélodies ponctuent sporadiquement chaque titre mais jamais en son centre, et où la nervure phonique est présente tout du long sans jamais s’imposer. Fieldhead n’est pas tant exigeant qu’il demande juste ce dont chacun dispose de moins en moins : du temps et de l’attention. L’information afflue de tout bord tandis que notre attention est divisée en plus d’éléments qu’elle n’en est composée. Le temps inextensible s’imprègne de fêlures inexpressibles. L’espace se réduit à mesure qu'on le gagne et qu’on l’exploite.

Au milieu de cette cacophonie universelle, au sein de ce foisonnement vital, Fieldhead nous demande de rester immobiles.
tracklisting
    01. (int)
  • 02. A Correction
  • 03. 812 Keefer
  • 04. Neon, Ugly
  • 05. Stolen
  • 06. You Can Leave Now
  • 07. Harris
  • 08. Fram
  • 09. Northern Canada
titres conseillés
    A Correction, Harris, Northern Canada
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