Rachel Zeffira

Après avoir accompagné Faris Badwan au sein de Cat's Eyes, son projet parallèle à The Horrors, la chanteuse lyrique Rachel Zeffira se lance dans une première expérience solo.

Son album, joliment intitulé The Deserters, démarre avec la douce balade du même nom. Dès l’entame du disque, il faut bien se rendre à l’évidence : la voix de la canadienne de naissance, résidente londonienne, a pris une sacrée assurance depuis sa précédente aventure musicale. Here On In, premier single extrait de l’opus, confirme que la dame ne limite pas son répertoire au registre musical qu’elle affectionne et qu’elle maitrise parfaitement. En effet, ce titre a la saveur de la pop indie, même s'il y a fort à parier que la participation des membres de TOY et S.C.U.M n'est pas étrangère à la tournure musicale de celui-ci et possiblement d'autres morceaux comme Break The Spell. Mais ce n’est pas nous qui allons nous en plaindre !

Au-delà de ça, un des petits bonheurs de ce disque, c’est de pouvoir se laisser bercer par des plages musicales telles que Letters From Tokyo (Sayonara), Front Door ou encore Silver City Days. La muse, telle Julee Cruise, nous envoute de sa voix aérienne et ses douces mélodies. David Lynch doit d’ailleurs regretter de ne plus réaliser de films.
Le clou de cet album réside toutefois dans l’époustouflante relecture du To Here Knows When de My Bloody Valentine. L’orgie de guitares saturées du morceau de Loveless a disparu. Rachel Zeffira n’a conservé de l’original que la ligne vocale éthérée. La composition musicale se retrouve harmonieuse au possible et Kevin Shields lui-même, si toutefois il entend encore quelque chose, a du en rester bouche bée.
L’album se termine sous la forme d’un au revoir quasi religieux de quatre minutes avec oodbye Divine qui plonge l’auditeur dans une sorte de recueillement. Ce morceau à l’image de la pochette reste peut-être le plus mystique de l’artiste.

On pouvait craindre un album ennuyeux, un disque où la chanteuse-compositrice aurait pu se perdre à vouloir compliquer l’univers classique dans lequel elle gravite. Il n’en est rien. Rempli d’arrangements plus méticuleux les uns que les autres, de mélodies délicates et de chansons teintées de rêves, The Deserters porte bien mal son nom. En effet jamais l’envie d’adhérer à celui-ci n’a été aussi grande.