Chronique Album
Date de sortie : 14.01.2013
Label : Stolen Recordings/PIAS France
Rédigé par
François Freundlich, le 16 janvier 2013
Alors que l’on passe souvent son début d’année à regarder ses vieilles baskets en attendant que des artistes bien connus ne reviennent, il arrive qu’un OVNI nous surprenne en nous faisant subitement lever la tête vers le ciel. Pour cette année, c’est Serafina Steer qui a déjà ensorcelé Jarvis Cocker, ce dernier se trouvant être à la production de The Moths Are Real, le troisième album de la londonienne.
Le leader de Pulp, grand manitou de la britpop s’est donc retrouvé aux manettes d’un album de folk baroque ne répondant à aucun code des structures balisées de la pop. Lui qui pensait au départ détester produire les albums des autres a même réalisé un vidéo clip pour elle. Et cela fonctionne parfaitement car Serafina et Jarvis ont tous deux cette capacité à narrer de légères histoires avec une voix profonde et attirante. Celle de Serafina Steer est fragile, caressante et délicieuse. Elle est fortement mise à l’avant d’une instrumentation minimaliste basée sur sa harpe omniprésente, car la demoiselle est harpiste avant d’être multi-instrumentaliste. Ses morceaux aériens et virevoltants ne suivent jamais un schéma précis et s’arrêtent subitement pour suivre un chemin différent, se terminant dans des étendues finales incertaines et prolongées.
Après des débuts d’album où l’on parvient à s’accrocher à une légère rythmique qui se perd alors qu’elle est à peine introduite, la suite est de plus en plus mystérieuse. Si les titres Night Before Mutiny ou Machine Room peuvent nous ramener à certaines références de la folk britannique actuelle ou à la délicatesse des Young Marble Giants, une certaine rêverie cinématographique prend ensuite le dessus. The Removal Man met fin à une ambiance paisible en introduisant un orgue de film d’horreur, des bruits inattendus qui proviennent d’on ne sait où, ainsi que la voix grave en quasi-gospel de Jarvis Cocker. Des violons accompagnent la harpe sur World of Love, chanson de conte de fée qui dérange encore la magnétosphère. Les textes sont tout aussi énigmatiques comme cet étrange « they killed your pigs and drunk up your wine, oh no » sur Island Odessy. Ajoutons au tableau les participations de Capitol K, Steve Mackey (Pulp), The Boxettes ou Seb Rochford (Polar Bear). Pour enfoncer le clou de la multiplicité, Disco Compilation se pare de beats discoïdes accompagnés de synthé répétitifs pour un déferlement électronique aussi dansant qu’inattendu.
L’OVNI folk de ce début d’année est donc bien cet album de Serafina Steer. En restant dans une musique relaxante et apaisée, l’anglaise surprend puisque chaque chanson est abordée différemment en utilisant tous ses talents : violons, claviers, murmures sucrés sans oublier l’envoutement provoqué par toute harpiste effleurant son instrument.