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The Crimea

Square Moon

The Crimea - Square Moon
Chronique Album
Date de sortie : 29.07.2013
Label : Alcopop! Records/Lazy Acre Records
45
Rédigé par Clémentine Barraban, le 9 août 2013
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La fin de The Crimea a donc sonné. Le chanteur Davey McManus ayant décidé de quitter la scène musicale pour fonder un orphelinat à Diepsloot en Afrique du Sud, les londoniens ont joué un ultime concert dans leur ville d’origine le 30 juillet dernier avant de dissoudre le groupe et marquer ainsi la fin de onze années de carrière. La veille sortait Square Moon, le troisième et rien de moins qu’un double album comme cadeau d’adieu à des fans qui attendaient un grand retour depuis 2007. Si l’on va regretter cette formation de musiciens talentueux, cet ultime voyage épique de vingt-deux pépites de pop-folk audacieuses et musicalement intelligentes aura de quoi sucrer l’amertume de la nouvelle.

On dit souvent qu’un voyage s’entreprend comme une nouvelle relation : il faut se préparer à vivre des chose nouvelles, des hauts comme des bas, des moments intenses, savoir se laisser surprendre et en revenir un peu différent. Square Moon est un délicat séducteur qui utilise l’écriture raffinée du songwriter McManus comme approche. Il réussit à progressivement venir courtiser les sentiments à grands renforts d’envolées lyriques et de pianos désolés, sous couvert d’une pop passionnée, qui finalement respire l’insouciance.

Petals Open When Reached By Sunlight esquisse les premières touches symphoniques d’un tableau printanier, qui s’ouvre avec sensibilité sur la poésie épurée développée tout au long de l’album. Claviers et chant s’immiscent comme un chuchotement timide à l’oreille et tendent la main comme une invitation à suivre l’onde des vingt-deux pistes.
Semblable à la mélancolie qu’inspire la musique d’un vieux carrousel, Last Plane Out Of Saigon est une contemplation de la solitude. Paradoxalement, une voix angélique accompagne le chanteur et supplie en chœur un « be my lover » qui ne trouve pas de réponse au fil de la mélodie magnifiquement composée et douloureusement poignante. If I See My Reflection One More Time inonde avec affirmation une joie de vivre par un lyrisme mélodique et vocal éclaboussant de complexité et d’intelligence, en rupture avec un piano solitaire et à fleur de peau qui contraste en sensibilité et en émotion.
You Never Smile For The Camera s’installe dans un son plus rock rétro où se mêlent claviers et distorsions de guitare tandis que How To Make You Laugh allie un refrain bondissant et populaire à des couplets tout en subtilités harmoniques.

Le piano frénétique de Shredder embarque des images oscillant entre l’étrange et le merveilleux dans un tourbillon d’arrangements symphoniques parfaits et simplement envoutants, conduisant à la joyeuse ruche de Beehive Mind puis à la ballade folk teintée à l’harmonica et barbouillé d’un refrain à la réjouissance contagieuse de Mid Air Collisions. We Stand Alone et Black Belt In Breaking Hearts sonnent comme des hymnes retentissants de l’énergie la plus rock que l’album a à offrir, alors que Judas Loves You use de l’imagerie religieuse dans des paroles déchirantes et une composition des plus puissante.
La piste finale Lupara Bianca termine la traversée à l’image de ce qu’elle a été depuis le début de l’album : aussi lyrique dans sa narration que dans l’instrumentalisation. Un aspect cinématographique imprévisible d’un bout à l’autre tout en restant dans une habile et pénétrante simplicité.

Il y a tant de choses à aimer dans Square Moon. Ce qui fonctionne le fait à merveille, et même si inévitablement quelques morceaux restent quelque peu dans le creux de la vague (Road To Damascus, Millionaire) l’ensemble paraît être conçu d’un bloc, composé de fragments aux multiples facettes. Brillamment éclectique, voguant entre la pop épique, rappelant parfois les débuts du rock progressif (Petals Open When Reached By Sunlight et Mid Air Collisions), la folk (Beehive Mind) en passant par des arrangements symphoniques somptueux et au pop-rock électrisant, comme autant de nuances d’une même teinte. Une traversée savoureuse, ondulant d’une émotion à une autre sans violences ni de tsunami mais qui laisse quelque part une empreinte indélébile.
tracklisting
    CD 1
  • 01. Petals Open When Reached By Sunlight
  • 02. Last Plane Out Of Saigon
  • 03. Jellyfish
  • 04. Listen To Seashells They Know Everything
  • 05. If I See My Reflection One More Time
  • 06. The Only Living Boy And Girl
  • 07. You Never Smile For The Camera
  • 08. How To Make You laugh
  • 09. Witches Broom
  • 10. Shredder
  • 11. Road To Damascus
  • CD 2
  • 01. Beehive Mind
  • 02. Mid Air Collisions
  • 03. We Stand Alone
  • 04. Lovers Of The Disappeared
  • 05. Shoelaces
  • 06. Black Belt In Breaking Hearts
  • 07. Judas Loves You
  • 08. Millionaire
  • 09. Goldmine
  • 10. Mountain Of Strange
  • 11. Lupara Bianca
titres conseillés
    Last Plane Out Of Saigon, You Never Smile For The Camera, Shredder, Judas Loves You
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