Halls

Un peu plus d'un an après la sortie de son album Ark, Sam Howard, londonien de vingt-trois ans, nous propose de nous plonger dans le second disque de son projet solo Halls. Pour ceux qui ne connaitraient pas encore sa musique, cette dernière est assez minimaliste. Une esthétique pure emprunte d'éther, de fantômes, de lieux de culte et de recueillement. La voix enchanteresse du jeune homme habite l'ensemble autant que les instruments. Elle-même est un instrument.

Les paroles scandées telles de lentes suppliques plaintives ne semblent pas respirer la joie de vivre. Accompagnée d'un piano hanté, de violons martyrisés, de notes de guitare qui tournent en boucle, d'un orgue ou d'instruments à vent, elle est sublimée. Halls peut tout aussi bien laisser de marbre, comme il peut fasciner. Alors que son premier disque était plutôt froid et sombre (comme le laisser penser la pochette qui l'accompagnait) celui-ci est un peu plus rayonnant, l'apparition de couleurs sur la couverture n'est ainsi pas le fruit du hasard. Comme le précédent opus, celui-ci exerce un fort pouvoir attractif et répulsif à la fois.

Pas vraiment faciles d'accès, les compositions peuvent rebuter par leur froideur. Pourtant, celle-ci est contrebalancée de somptueux moments de grâce. Des chœurs solaires viennent porter le chant sur Sanctus, un entêtant xylophone et un hypnotique violon jalonnent l'épique Aria long de sept minutes sans parler du déluge sonore qui s'abat lors du titre Avalanche qui conclut l'écoute et où la batterie est martyrisée.
Je disais en introduction que la musique de l'anglais est minimaliste, elle n'en est pas pour autant simpliste. Piochant ses références dans l'electronica, le post-rock ou la pop, Sam brouille les pistes, mélange les genres et crée le sien, la pop d'église. Même si quelques artistes évoluent dans une veine un peu équivalente comme James Blake, SOHN ou Deptford Goth, il faut bien reconnaître que Halls conserve sa singularité. Les arrangements sont finement réfléchis. Les divines harmonies transportent, bouleversent et prennent aux tripes. La musique de Halls est une expérience, on peut y rester totalement hermétique mais lorsque l'on y pénètre, elle happe et ne lâche plus.

Liturgique, méditative, introspective, elle est tout cela à la fois. Ne laissant plus d'autre choix à l'auditeur que de s'y perdre, de se laisser emporter dans ses méandres et de rebondir sur ses aspérités. Chez Halls, le voyage est cabossé, la route n'est pas droite. Touché par la grâce, cet album vertigineux et déboussolant saura conduire l'auditeur sur des chemins qu'il ne pensait plus emprunter. Exigeant, certes, Love To Give a bien plus que de l'amour à fournir. Alors, apprenez à l'apprivoiser et il saura combler pleinement vos attentes en devenant votre guide attitré lors de vos prochaines déambulations réflexives et ce, même si, comme moi, la spiritualité n'est pas vraiment votre attirance première. Cet album original, gracieux et subtil mérite amplement que l'on s'y attarde.