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Wild Smiles

Always Tomorrow

Wild Smiles - Always Tomorrow
Chronique Album
Date de sortie : 27.10.2014
Label : Sunday Best Recordings
5
Rédigé par Olivier Kalousdian, le 27 octobre 2014
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À en croire certains de nos confrères, qu'ils officient par ondes sonores ou sur papier glacé, le revival rock des années 2000 serait mort et enterré. C'était sans compter sur les irréductibles du son brut et les fanatiques du rock and roll, puisé à sa source. De purs rejetons de la génération X qui affichent à peine vingt-trois ans au compteur, pour le plus âgé des Wild Smiles (Chris Peden), les deux autres étant encore des adolescents...

Biberonnés aux Jesus And Mary Chain et autres noisy bands des années 80 par leur géniteur – un père musicien punk arty écossais, touche à tout – Chris et Joe Peden, nés eux, dans le Hampshire, accompagnés de Ben Cook à la batterie, n'ont ni le look ni même le nom d'un groupe post-punk. Pourtant, avec deux guitares noisy, saturées de reverb (mais jamais dans la surenchère) et des percussions en avant, Wild Smiles auraient tout aussi bien pu officier à la fin des années 80 au milieu des My Bloody Valentine, Nirvana et autres Dinosaur Jr. Et si certains se sont épuisés le cerveau pour trouver un qualificatif hors norme à leur style musical (ndlr : drone-pop-grunge-rock-californien !) les Wild Smiles ont plus d'affinités avec l'attitude et la puissance des Ramones qu'avec celles des groupes grunge, made in USA.
En 2012, et alors que la route qu'avait empruntée Chris Peden jusque-là sinuait plutôt du bas-côté de la pop Anglaise, les frères Peden décident de se réunir et de former Wild Smiles avec Ben Cook. Ils sortent un premier EP, Take Me Away, fin 2013, dont le titre éponyme parle, justement, de la cassure musicale dont Chris rêve.
Ils ne ressentent aucune frustration ni aucune gêne quand on les compare à leurs aînés des Jesus And Mary Chain ou aux plus récents The Vaccines. Il faut dire que le titre Take Me Away, présent sur ce premier EP, avait mis tout le monde d'accord à la première écoute : un titre atmosphérique époustouflant, virevoltant entre les Dinosaur Jr et les Shangri Las. Un titre qui, à lui seul, résume le style, l'idéologie math rock et le talent des Wild Smiles.

Always Tomorrow était donc scrupuleusement guetté et attendu et le moins qu'on puisse dire, c'est que sa sortie ne déçoit pas. Construit sur les cendres de leur ancienne vie, Chris explique ce premier disque par une page qui se tourne à un moment où il a dû grandir vite pour enterrer son ancienne vie, les ruptures ou le décès de certains de ses amis. Quant à Ben, il digère, au travers de titres ramonesques comme Girlfriend sa récente rupture. Fool For You qui ouvre l'album sonne comme le meilleur des Vaccines et déroule le tapis des titres urgents. Reverb, rythmiques faites d'aller-retour sans fin, batterie constamment surmontée de cymbales... deux minutes et cinq secondes de rock and roll qui imposent rapidement Always Tomorrow comme un disque essentiel.
On pourrait accuser Never Wanted This ou Everyone's The Same de piller allégrement Nirvana et les Jesus And Mary Chain, mais nous ne le ferons pas. Si chaque ligne mélodique passée pompée dans l'histoire du rock l'était avec autant de brio et de sincérité, le plagiat n'existerait plus et laisserait la place à la réinterprétation d'une époque qui, heureusement, n'est pas vouée à disparaître. Une réécriture via des textes qui fleurent bon la crise actuelle (la même, ou presque qu'à déjà vécue le père de Chris et Joe et nombre de groupe dans les années 80) et qui dénoncent le manque d'emplois, l'individualisme et l'uniformisation du monde.
De même, si Hold On reprend, au loin, la rythmique du White Riot des Clash, sa construction et son tempo marqué à la caisse claire n'appartiennent qu'aux Wild Smiles. Un hommage personnel et talentueux, plus qu'une inspiration facile. Le titre éponyme de l'album, Always Tomorrow recentre d'ailleurs le débat : ici, ce sont les chœurs, à tendance californienne (The Monkees) qui prédominent sur cette quasi-ballade sentimentale, épicée à la sauce tabasco. I'm Gone, dernier titre, dernier baroud d'honneur avec textes dépressifs, mais constamment exaltants. Ici, les Wild Smiles osent revisiter les guitares maudites quasi industrielles des maîtres du genre, Bauhaus sur des textes définitifs et symboliques de l'état d'esprit de Chris Peden lors de l'écriture de son premier opus : « No i don't go to the gym, i don't weak up in time, no i can't take you out but i'm better than him. I hope when you'll realise, i'm gone... ».

Always Tomorrow tutoie les sommets en cette rentrée et s'il lui manque un titre comme Take Me Away en guise de single indiscutable et aisément modulable sur nos ondes radios nationales, il mérite néanmoins, chose rare, la note maximale de cinq sur cinq. Une note qui tient compte de la jeunesse des Wild Smiles pour un premier album enregistré dans une cuisine, d'une qualité et d'une justesse remarquables à ce niveau-là de carrière.
tracklisting
    01. Fool For You
  • 02. Never Wanted This
  • 03. Always Tomorrow
  • 04. Everyone's The Same
  • 05. Hold On
  • 06. The Best Four Years
  • 07. The Gun
  • 08. Figure It Out
  • 09. Girlfriend
  • 10. See You Again
  • 11. I'm Gone
titres conseillés
    Fool For You - Girlfriend - See You Again
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