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Wild Smiles
Little Barrie

Paris, Maroquinerie - 18 juin 2014

Live-report par Baptiste Elman

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Mercredi 18 juin. En ce début de soirée il fait chaud, il fait beau, la Coupe du Monde du ballon rond bat son plein, les jupes raccourcissent, l'été est partout... Et la dernière chose que l'on s'attendrait à faire (de notre plein gré) c'est bien d'aller s'enfermer dans les sombres entrailles de la Maroquinerie... Mais pour l'amour du rock il faut être prêt à repousser toutes les limites du corps humain ! Et l'affiche de ce soir vaut bien quelques privations : le trio Wild Smiles en ouverture, jeune groupe qui réconcilie la power pop de la côte ouest et le punk nihiliste de la côte est des States, suivi des maîtres londoniens du blues rock psychédélique, Little Barrie.

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Sans préambules, b>Wild Smiles débarquent et se lancent dans un concert abrasif. Carrément plus « Wild » que « Smile », voilà ces adeptes du néo-grunge du Hampshire qui, de la première à la dernière note de leur set, martyrisent batterie, guitare et basse comme si leur vie en dépendait. Tantôt carrément grunge, tantôt plus surf, chaque titre du groupe fait l'objet d'attaques à l'arme lourde pour les tympans des spectateurs, incrédules, qui ne s'attendaient peut être pas à un tel déluge de violence en ouverture du rock psyché rétro de Little Barrie.
Formé suite de la rupture amoureuse du chanteur Chris Peden et de l'explosion de sa précédente formation, l'univers du groupe ne respire pas la joie de vivre ! Et pourtant, au milieu des hurlements et des complaintes déchirantes, les brûlots du groupe sont truffés de petites perles mélodiques plutôt jouissives. Avec une rythmique explosive et une saturation stridente remplie de fuzz, effet chéri des sales gosses du shoegaze, le groupe arrive ainsi miraculeusement à moduler les textures de sons de chaque chanson, pourtant si uniformes en apparence. Mention spéciale à Never Wanted This, hymne adolescent bête et méchant qui donne envie de se précipiter sur la discographie poussiéreuse de Nirvana oubliée dans un fond de tiroir depuis 1995, d'arrêter de se laver les cheveux, et de se refaire quelques trous dans le jean...

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Quinze ans de carrière, quatre albums, des centaines de concerts les ayant menés jusqu'à Tokyo, la réputation des (pas si vieux) briscards de Little Barrie n'est plus à faire sur la scène du blues rock à tendance garage. Préhistorique à l'échelle des tendances des musiques actuelles, le trio est resté bloqué sur les solos de guitares bluesy crado des guitars heros des 70's, bien avant le revival retro psyché qui sévit depuis quelques mois autour des dizaines de groupes de hippies des années 2010 (The Growlers, Temples, Tame Impala, Orval Carlos Sibelius...). Et la foule relativement compacte qui s'amasse au pied de la petite scène est un bon indicateur de la renommée d'un groupe qui s'est construit année après année, concert après concert, note après note...
L'élégant Barrie Cadogan, leader à la capillarité bloquée en 1967, dirige sa barque avec le flegme de celui qui n'a plus grand-chose à prouver. Lewis Wharton balance en ouverture la ligne de basse entêtante de Bonneville, morceau intimiste et feutré qui marque l'ouverture du nouvel opus du groupe : Shadow. Rétro mais pas passéiste, le groupe n'a pas l'intention de proposer un show nostalgique. Ils sont là pour défendre leur nouvel album et la setlist ne comprendra ainsi pratiquement que des nouveaux titres.

Visiblement en pleine forme, le batteur Virgil Howe fait, quant à lui, des pieds et des mains (au sens propre) pour nous le faire comprendre ! Telle une colonie de serpents les notes de guitares s'entrelacent rapidement autour des temps et des contretemps avec une délicatesse toute reptilienne jusqu'à aboutir à ces parties instrumentales hypnotiques si caractéristiques du son de Barrie. Malheureusement la balance est sur ce début de live assez hasardeuse et la voix, quasiment inaudible, peine à se frayer une place aux cotés des lignes de guitare, déraisonnablement plus fortes que tout le reste. Un problème qui sera heureusement réglé un ou deux titres plus loin à la demande express du chanteur interpellé par des fans exigeants.

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L'électrique Sworn It fait suite et accélère sensiblement la cadence. Il n'en fallait pas plus comme prétexte au batteur chevelu et souriant pour se déchainer sur ses cymbales et ses toms. L'intro caractéristique de l'explosif Fuzz Bomb retentit alors. Les trois chevelus n'hésitent pas à faire durer les parties instrumentales plus que de raison pour le plus grand bonheur des fans du groupe qui trouvent là exactement ce qu'ils étaient venu chercher dans cette musique, aussi bien planante et perchée à des niveaux stratosphériques que profondément ancrée dans un limon bluegrass et rockabilly indéboulonnable. Et enfin les voilà qui consentent à jouer un morceau du troisième album, King Of The Waves : le légèrement funky Tip It Over sur lequel la foule en profite pour se dégourdir les gambettes et travailler son déhanchement. Parenthèse oldies du groupe immédiatement refermée vite fait bien fait avec la piste contemplative du dernier opus : I Don't Count. Une rythmique indolente, un chant traînant, des guitares paresseuses qui petit à petit gagnent en présence et en intensité jusqu'au refrain accrocheur qui s'insère parfaitement dans le décor. Imparable ! Pauline, qui abrite « le riff qui tue » de l'album, démarre alors en trombe dans une salle plus que conquise qui réagit maintenant aux moindre stimulations auditives. Parfait donc pour enchainer avec Realise et son solo à rallonge suivi de la mélodique Eyes Were Young, drôle de chanson sans couplet ni refrain qui fait petit à petit monter la sauce jusqu'au finish épique porté par une batterie brutale et des notes de gratte suraigües répétées inlassablement. Retour dans le passé avec deux dernières chansons du set, avant rappel : tout d'abord le parfait New Diamond Love qui, porté par ses arrangements ciselés, lorgne vers les plus grands tubes british des 60's. Le public chauffé à blanc a à peine le temps de s'en remettre que résonne le tube ultime du groupe : le vicieux Surf Hell, au nom définitivement très bien trouvé.

En bon élève modèle des scènes indé de la planète, le groupe s'éclipse alors rapidement laissant innocemment ses amplis allumés. Quelques minutes plus tard, les voilà évidemment de retour pour servir deux chansons supplémentaires à un public encore visiblement affamé : Black Mind, piste bonus et néanmoins brillante du dernier album suivi d'un I Can't Wait garage d'anthologie. Little Barrie est devenu grand, c'était ce soir une certitude !
setlist
    WILD SMILES
    Non disponible

    LITTLE BARRIE
    Bonneville
    Sworn In
    Fuzz Bomb
    Tip It Over
    I Don't Count
    Pauline
    Realize
    Eyes Were Young
    New Diamond Love
    Surf Hell
    ---
    Black Mind
    I Can't Wait
photos du concert
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