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Wild Smiles

Paris, Maroquinerie - 14 mars 2015

Live-report par Olivier Kalousdian

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Alors que sur certains webzines fleurissent des jeux de mots vaseux sur la nécessite de viser juste pour les Wild Smiles (oui, ils viennent de Winchester dans le Hampshire...), nous rappellerons, prosaïquement, à nos chers consœurs et confrères que le célèbre fusil à répétition fut inventé sur le sol américain (par Oliver Winchester) et que la ville anglaise en question renferme, par contre une cathédrale millénaire et la table du Roi Arthur...

Samedi 14 mars, une soirée chargée en termes de programmation live à Paris. La salle de la Maroquinerie accueille, pour la deuxième fois en moins de six mois, les très jeunes Wild Smiles, en tournée avec le phénomène blues punkisant américain, Benjamin Booker.

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Une guitare et une basse menées tambour battant par les frères Peden et une batterie alimentée au méthanol pour le copain, Ben Cook ; c'est tout ce dont les Wild Smiles ont besoin pour secouer le sous sol de la Maroquinerie et les nombreux fans venus contempler de près cette tempête sonore qui sévit depuis 2013, outre-Manche. Noise pop, surf rock psychédélique... peu importent les classifications. Les Wild Smiles, depuis leur premier album, Always Tomorrow, lancé le 27 octobre dernier, compilent sans aucun scrupule les ingrédients des meilleures recettes de groupes ayant officié entre 1985 et 1995. Avec un équipement et une sono des plus frugales et dans un trio analogique qui vaut bien des machine bands, les frères Peden font du rock comme leur père, irréductible punk écossais, le leur a toujours appris : sans fioritures et en poussant au maximum les potentiomètres de leurs amplis.

Un peu trop, sans doute, pour la petite salle encaissée de la Maroquinerie qui absorbe de fait les chants de Chris et Joe en laissant la part trop belle aux instruments souvent saturés (un constat qui semble se répéter depuis le début de cette tournée). Désavantageant, car des compositions libertines comme Fool For You ou nirvanesque comme Never Wanted This perdent de leur clarté, comparées à leurs versions studio. Mais, ce qui est perdu en définition est gagné en énergie scénique dans des versions revisitées de quelques mesures pour le live (le long tapis noisy en intro du ramonesque I'm Gone).

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Chris, les cheveux bouclés inconcevablement longs et son frère Joe, la frange cachant un visage d'ange qui n'est pas sans rappeler l'acteur anglais, Cillian Murphy donnent à leurs cordes l'occasion d'exprimer toute la puissance d'un rock dépouillé d'artifices, nonobstant les pédales d'effets qui font circuler dans l'air ambiant les riffs, en un cercle quasi parfait. The Gun, Hold On ou Always Tomorrow poursuivent l'œuvre de mémoire rock and rollienne voulue par ce trio, dans un set souvent porté à deux voix. Des voix qui, comme le reste, portent la marque du DIY jusque dans les nombreux live que les Wild Smiles viennent de donner à travers toute l'Europe dans et qui se terminent ce soir, à Paris.

L'enthousiasme et la vigueur de ce trio n'ont d'égal que son apparente et délicieuse impréparation ; un côté skate punk amateur salement jouissif en ces temps de musique un tantinet scientifique.