Underworld

Le hiatus de six ans depuis le précédent album d'Underworld a été bien occupé, notamment par Danny Boyle avec qui ils ont travaillé sur les Jeux Olympiques de Londres ou le Frankenstein qu'il a monté au National Theatre de Londres, cela en plus des albums solo et d'un projet en compagnie de Brian Eno. Ça fait beaucoup de name dropping, mais cela permet de rappeler à quel point Underworld est un groupe qui compte. Cette crédibilité, ils l'ont gagnée à force de travail et de créativité. Après trente-cinq ans de carrière, ils trouvent le moyen aujourd'hui de sortir un album bourré d'idées et d'énergie, comme si c'était leur premier.

Ces Anglais cultivent l'anti-conformisme et un intérêt pour l'art sous toutes ses formes. Alors, comme un exercice imposé, leur neuvième album de musique électronique est entièrement composé... avec des instruments plutôt que des machines. Que les fans se rassurent, les séquenceurs, samplers et autres synthés ont bien été utilisés, mais une fois les morceaux construits, à l'exception cependant de Santiago Quatro un morceau de guitare entre l'Andalousie et l'Inde qui arrive comme un fâcheux intermède. Mais pour tous les autres titres, ce mode opératoire donne une dimension live à l'album, bien supérieure à celle que bon nombre de groupes électroniques sont capables d'atteindre sur scène. Fidèle aux morceaux longs, les progressions psychédéliques en sont d'autant plus efficaces.

Se passer de machines pour la composition a peut-être aussi forcé le groupe à plus de sincérité. Et cela commence par ce titre aussi bizarre que la vie. Barbara Barbara we face a Shining Future est la dernière phrase qu'a prononcée le père de Rick Smith à sa femme avant de mourir. Cela résume bien l'état d'esprit de cet album, plein d'énergie positive mais sans béatitude. C'est une joie qu'il faut aller chercher au fond de ses tripes qui se dégage de ce disque.

Il représente la renaissance et renferme d'innombrables idées comme dans un premier album qui aurait mijoté très longtemps, mais s'appuie sur le son particulier que le groupe a développé depuis des années. Les morceaux y font tour à tour danser (If Rah) ou méditer (Motorhome) dans une transe psychédélique et finalement joyeuse.