logo SOV

Underworld

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 1er novembre 2019

Bookmark and Share
Underworld publient en ce mois de novembre DRIFT Series 1, coffret de sept disques reprenant les 52 morceaux sortis ces 52 dernières semaines par le groupe. Malgré les années qui passent, le duo reste toujours aussi créatif comme l'atteste ce projet tout aussi ambitieux que réussi. Rencontre à Paris avec le fort sympathique Karl Hyde.

Est-ce que l'idée de DRIFT Series 1, à savoir sortir un morceau toutes les semaines une année durant, est venue après que vous vous soyez sentis prisonniers du schéma disque/tournée, disque/tournée ?

Non, pas vraiment. Avec notre précédent album, Barbara Barbara, We Face a Shining Future, nous ne nous sommes jamais sentis aussi proches l'un de l'autre, Rick et moi. Après le disque nous avons eu cette idée de sortir un morceau tous les jeudi. C'est ce qu'un artiste devrait faire. L'art reste trop souvent dans sa zone de confort. Cela tue la créativité. Quand tu vois qu'un artiste comme Miles Davis se levait tous les matins avec de nouvelles idées, cela te motive.

Sur le sampler il y a de nombreux styles d'électro : de l'italo disco, du dub, des trucs à la David Bowie, de l'expérimental... Vous êtes très éclectiques dans vos styles...

Nous le sommes. Si tu vas sur notre site, tu verras que DRIFT Series 1 est encore plus éclectique que cela. Nous avons commencé à partir de cinquante ou soixante morceaux que nous avions préparés. Chaque chanson était comme un épisode. Nous ne nous limiterons jamais à un style.

C'est un peu comme de composer la BO d'un film ?

Totalement. Lorsque tu travailles pour une bande originale, tu dois être discipliné. DRIFT Series 1 nous a mis la même pression. Quand tu travailles dans un théâtre tu as quarante minutes pour composer ta musique avant que la pièce ne débute, quand tu reçois les rushes d'un film deux heures. Tu ne peux pas dire que tu es en manque d'inspiration ou que tu feras cela plus tard.

Comment avez-vous choisi les morceaux du sampler ?

Nous avons eu l'idée de faire cette box avec sept disques. Dans ce coffret, il y aura parmi ces disques le sampler. Enregistrer un album c'est facile. C'est pour cela qu'il faut faire d'autres choses pour rester créatifs, comme ont pu le faire Miles Davis ou Bob Dylan. Publier cinquante-deux morceaux en cinquante-deux semaines, c'est quelque chose de dingue. Cette idée nous est venue en partie du Never Ending Tour de Bob Dylan. Cette idée géniale qu'il a eue de se réinventer, de réinventer la musique. Je suis arrivé à Bob Dylan tard mais en suis ultra fan. Il est une grande inspiration pour moi.

Vous êtes un groupe de musique électronique mais avez toujours été ouverts musicalement. Vous avez collaboré avec Brian Eno, Iggy Pop...

La musique a toujours été ouverte. C'était déjà le cas du temps de la musique baroque. Nous n'aimons pas les puristes. Nous aimons plein de styles musicaux différents même s'il y a trois piliers dans nos inspirations : Kraftwerk, le dub et la musique de films.

Votre approche est sensiblement la même que celle des jazzmen au niveau de l'improvisation ?

Tout à fait. J'ai vu Miles Davis deux fois en concert. Je l'écoute très souvent. Il m'inspire.

Il va y avoir des concerts à la fin de l'année à Londres et Anvers. Vous jouerez les morceaux de DRIFT Series 1 ou est-ce que ce sera autre chose ?

Ce sera une combinaison de plusieurs choses. Nous allons jouer toute la nuit. Quand tu joues live, tu changes un morceau tous les trois ans dans la setlist au moment de la sortie de ton nouvel album. C'est chiant. Avec ce projet, c'est bien plus excitant. Nous avons joué live des morceaux sortis la veille. C'est très novateur, frais et en lien direct avec les gens. Les réseaux sociaux ont changé notre façon de communiquer.

C'est la même personne qui a réalisé toutes les vidéos ?

Oui, Simon Taylor de Tomato. Nous avons toujours travaillé avec lui pour les artworks de nos disques. Il est parti en tournée avec nous. Nous sommes devenus très amis. Il bosse pour de gros clients. Il a travaillé d'une nouvelle façon pour ce projet avec nous. Cela a été très intéressant pour lui comme pour nous. Cette façon de travailler dans l'urgence a changé sa façon de voir les choses car il a été poussé dans ses retranchements.

Est-ce que d'avoir écrit la musique des Jeux Olympiques de Londres 2012 reste ta plus grande fierté ?

Pas vraiment. Pour moi, le plus important est de me sentir proche de Rick aujourd'hui. Cela n'a pas toujours été le cas. La musique des Jeux Olympiques, c'est principalement lui qui l'a composée même si j'y ai participé bien sûr. A l'époque, nous étions vraiment loin l'un de l'autre. Nous nous sommes rapprochés depuis et aujourd'hui il continue de m'apprendre des choses.

Est-ce que le succès de Born Slippy a changé la carrière d'Underworld ?

Complètement. Cela nous a ouvert plein de portes. Nous sommes passés de l'underground à la musique de festivals de rock. C'est impressionnant que ce genre de morceau à l'instar, d'un Stairway To Heaven, transcende les âges, les générations. Il y a des jeunes de quinze ans qui adorent Born Slippy. Cela m'a d'abord étonné avant que je ne me rende compte que c'est un morceau qui rend heureux, et pour cela, il n'y a pas d'âge.