Thomas Henley

Forêt silencieuse, aimable solitude,
Que j'aime à parcourir votre ombrage ignoré !
Dans vos sombres détours, en rêvant égaré,
J'éprouve un sentiment libre d'inquiétude !

Ces quelques vers de Chateaubriand en hommage à Fontainebleau illustrent à merveille l'épopée qui nous est contée dans le dernier album de Thos Henley. Le titre déjà nous transporte : Blonde On Basically Ginger. Le récit simple d'un homme, un artiste dont le talent se découvre au fur et à mesure de l'écoute. Son génie réside dans la suggestion d'un éveil. Thos nous balade à travers chants, toujours accompagné de la justesse de son jeu au piano, à la guitare. Il nous accorde le temps de nous insinuer dans son univers. Thos a la prudence subtile de l'homme Anglais, il ne se dévoile pas directement.

Un tour en skate dans la forêt (vidéo clip de Long Time Feeling), ou serait-ce en vélo ? Quoi qu'il en soit, on est perdu dans le bois, l'« endless summer ». On fait des pirouettes et tourbillons dans Witness et son chant jazzy intimiste. On tente de ranimer les morts à Noel avec Ouija. C'est le début du printemps sur la balade Escaping The Shade. Un début contrôlé, il tente de s'échapper (« I can't have my cake and eat it too », « For all those years you never let me see. I'm here, escaping you »). Les sonorités estivales de Dust In This Town signent la liberté retrouvée.

Ce n'est qu'à la sixième chanson, 44th And 2nd, que l'on atterrit. Lumière établie dès les premières notes (« I'm still here to shout out loud »), le rythme est installé, la révélation imposée. Thos continue de nous faire voyager, la foire de 1994 est un retour dans son passé (« Party like it's 1994 », « childhood friends »), une invitation à l'insouciance face aux liens qui se perdent (« Today we are worlds apart, years have past since we learned to dance, fifteen years since you're spinning on your own »), au temps qui passe (« which nightclub are you drinking in, which diet made you shrink so thin ? »). L'art de Thos Henley réside dans les paroles, écrites comme tant de poésies, de contes d'une simplicité fantastique.

On termine sur la douce Frida, inspirée par une jeune enfant et parfaitement illustrée par Gabriel Auguste Matringe, ex-leader de Wall Of Death et artiste complet qui réalise des clips torrides et/ou amusants en chantant en français. On retrouve dans ce titre final la simplicité de l'enregistrement live, l'authenticité du mélange basse, piano, batterie et voix. On a hâte de passer en 2017, rien que pour voir sa prestation aux 10 ans de Pan European Recording avec Flavien Berger. Rendez-vous en janvier au Point Éphémère.