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Anthony Reynolds
Thomas Henley

Paris, La Loge - 18 février 2011

Live-report par Amandine

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La venue à Paris d'Anthony Reynolds aura été pour nous l'occasion de découvrir le théâtre de la Loge. A deux pas de Bastille, ce lieu de création pour jeunes artistes relève plus de l'espace auto-géré que du théâtre traditionnel. Le personnel, jeune et animé, semble mettre tout son cœur au bon déroulement de la journée. Le matériel est sommaire : des bancs d'acier, d'autres en contreplaqué, quelques lumières éclairant une petite scène, dès qu'on y entre, on aime l'atmosphère qui se dégage de cet endroit qui semble adéquat pour accueillir en son sein l'indomptable crooneur folk.

 

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Deux concerts sont programmés à la suite ce soir (un à 19h et l'autre, dans la foulée, à 21h), c'est plutôt inhabituel mais c'est un passage obligé pour rentabiliser son voyage, comme nous l'expliquera Anthony.
Invités à la première séance, nous avons la chance d'assister à une première partie plutôt intéressante avec le jeune folkeux Thos Henley. Ce troubadour natif du Royaume-Uni et installé à Paris a parcouru les routes de toute l'Europe avec pour seule compagne sa guitare et quelques cahiers prêts à être noircis de sa plume néo-romantique. Il est ce soir accompagné de deux amis à la guitare et basse acoustiques et nous délivre ses jolies compositions, de sa voix chevrotante, toute en trémolo, tel un Anthony Hegarty sans ses Johnsons, le ton maniéré en moins.
Après avoir sillonné les routes de France et de Navarre avec Syd Matters et juste avant de rejoindre, avec son groupe Oh Othello, Razorlight à la Flèche d'Or dans quelques jours, ce féru de littérature nouvellement installé à Paris propose le récit de ses voyages, déclame son impression de liberté pour le plus grand plaisir de la petite cinquantaine de spectateurs présents ce soir. Il terminera pas le magnifique To Go Home de Daniel Johnston (également présent sur l'album Post-War de M. Ward) avant de quitter humblement la petite scène du théâtre de la Loge.

 

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A peine quelques minutes s'écoulent avant que n'arrive Anthony Reynolds. Le chanteur a bien changé depuis son périple au sein de Jack dans les années 90s et c'est armé de sa guitare et de son carnet de notes qu'il ne quitte jamais qu'il s'installe et chante, a capella et de façon très solennelle, l'un de ses titres solo. Rapidement, on retrouve l'intensité et l'émotion de la voix de Reynolds, teintée d'une grande gravité, tel un Neil Hannon qui aurait trop vécu.
Il est rejoint par son ami Gianluca Sorace, artiste italien avec qui il travaille régulièrement, puis par une violoniste suédoise et un pianiste français qui nous avouera n'avoir rencontré Anthony que la veille. Même si ces quatre là n'ont pas l'habitude de jouer ensemble, le gallois emmène le quatuor d'une main de maître, dans une grande fluidité. Il emplit le petit théâtre de ses angoisses et de ses peurs. Il se révèle dans toute sa splendeur, déclamant ses états d'âme, ses problèmes avec l'alcool, le tout mélangeant humour noir et fatalisme.
Si la carrière d'Anthony Reynolds est longue, il survole nonchalamment sa discographie, nous offrant un peu de Jack (3 O' Clock In The Morning) et cela jusqu'à son dernier album solo, British Ballads. Il maîtrise tout, même un répertoire vraisemblablement plus récent et qu'il n'a visiblement pas eu souvent l'occasion de jouer en public. Accompagné de son fidèle aide-mémoire, il s'attaque même à la reprise de Ne Me Quitte Pas de Jacques Brel: If You Go Away. C'est à cet instant que l'on saisit mieux le talent d'Anthony Reynolds et l'émotion qu'il réussit à transmettre à son public.

Depuis une vingtaine d'années, cet écorché vif n'a pas acquis la notoriété qu'il mériterait mais, finalement, le plus important, c'est peut-être qu'à travers toutes ses années, il a su garder sa sincérité, que ce soit dans son œuvre musicale ou littéraire. Ainsi, la seule promotion du monsieur ce soir était sa récente biographie de Leonard Cohen. Une grande humilité pour un immense artiste.