The Moonlandingz

The Moonlandingz – Lias Saoudi et Saul Adamczewski des Fat White Family, plus l'Eccentronic Research Council d'Adrian Flanagan et Dean Honer – ont démarré leur side-project comme « un groupe de fiction issu d'une ville imaginaire ». Après leur dernier EP, Black Hanz, voici venu le temps d'un premier album, sorti sur le label Transgressive Records (le bien nommé), Interplanetary Class Classics.

Enregistré avec Sean Lennon dans son studio de New York, Interplanetary Class Classics s'offre les collaborations avec Slow Club, les Village People (les vrais !), Phil Oakey ou Yoko Ono. Johnny Rocket (AKA Lias Saoudi) annonce la couleur dans sa tournée promo et, en cela n'arrive plus à surprendre, notamment celles et ceux qui suivent la carrière des Fat White Family depuis 2012. Avec une forfanterie dont il est devenu maître, il qualifie ce nouveau projet et nouveau disque comme une « antithèse de l'humilité, un chef d'oeuvre de l'irresponsabilité et de l'amour propre » ! Il est vrai que la situation politique de nos sociétés occidentales tend à lui donner raison dans cette mise en abîme et celle de ce nouveau brûlot sonore où la pop et les textes baroques prennent le pas sur le rock débridé et très politisé des Fat White Family.

Sur le papier, cela pourrait donc ressembler à un ersatz de ces mêmes Fat White Family survitaminés par un apport de colorations soul (This Cities Undone), electro-punk (Lufthansa Man) ou glam-rock (Glory Hole). Pourtant, malgré un discours d'une misanthropie délirante, Lias Saoudi et son collectif de barnum semblent avoir trouvé les ressources nécessaires pour aller puiser, dans un autre univers, quelques inspirations bien senties. Black Hanz, même si très influencé par les claviers post-seventies des Fat White Family et que nous avions déjà découvert en 2016 sur l'EP du même nom, est d'une efficacité hypnotique redoutable. I.D.S emprunte aux B-52's – gourous de la pop choucroute s'il en est – son tempo, ses rythmiques et ses choeurs. Quant à The Strangle Of Anna (featuring Rebecca Taylor) son titre et son texte – attaquant à souhait les filles faire-valoir dans certains groupes de rock proprets qu'on ne citera pas – valent à eux seuls leur pesant de cacahuètes, surtout quand il est mis en lumière par des sonorités moitié Pulp, moitié ABBA qui amplifient encore un peu plus les antagonismes.

La suite est une liturgie de provocations, plus glam-punk que punk rock dont les titres Glory Hole (pour les amateurs de Red Tube) ou Neuf du Pape sont les porte-étendards et de titres plus ou moins réussis (Theme From Valhalla Dale, The Rabies Are Back) et heureusement portés par la voix et l'énergie de Lias Saoudi toujours à la limite de la rupture de son cathéter d'éthanol portable.
Guitares grinçantes, synthétiseurs tourbillonnants et bruitages sonores à tout va, Interplanetary Class Classics ravira les inconditionnels du mock-rock à sauce Rocky Horror Picture Show et de glam-punk informatisé, mais qui, en dehors du single Black Hanz ou du plus classique Glory Hole ne pourra rivaliser avec la puissance, le brillant désespoir et l'engagement total des Fat White Family période Champange Holocaust. Mais, tel n'est pas but recherché...

Avec des titres taillés pour la scène (comme on pouvait s'y attendre à la vue du line-up) et un marketing paradoxalement léché et très tape à l'oeil qui lui va finalement comme un gant de velours mauve, on attend avec impatience les premiers live de Johnny Rocket et ses Spiders From Mars.