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Tusks

Dissolve

Tusks - Dissolve
Chronique Album
Date de sortie : 13.10.2017
Label : One Little Indian
35
Rédigé par François Freundlich, le 12 octobre 2017
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On avait découvert Emily Underhill avec ses deux premiers EPs à propagation fulgurante sur les réseaux, une musique correspondant exactement à son patronyme : donnant l'impression de naviguer sur une rivière calme dans une caverne à stalactites sous une colline. Sous ce nom de Tusks, tiré d'un album de Fleetwood Mac, la native de Brighton basée à Londres déploie ses ailes sur un premier disque introspectif et rêveur.

Tusks semble avoir plusieurs visages sur cet album sinusoïdal, alternant une synth-pop noyée dans mille amas électroniques, avec des ballades sans fioritures n'ayant besoin que d'une voix poignante et glaciale ainsi que de quelques notes de piano. Peut-être est-ce dû au fait que la production expérimentale et les beats sont travaillées en premier sur certains titres en recherche d'âme, mais ceux écrit à la guitare ou au piano font mille fois plus d'effet à l'épiderme. Cette production post-dubstep à la mode, qu'on a pu apercevoir chez James Blake, avec cette rythmique electronica aux aspirations laid-back, nous laisse parfois sur notre faim malgré leur coté percutant.

Tusks touchera probablement un plus large public avec le vocodeur de False, qu'avec la mélancolie extatique de Ivy mais c'est pourtant cette fin de disque épurée et directe que l'on préfère. Si les titres liant post-rock, folk et électro-pop possèdent cet aspect chamanique et envoutant, ils sonnent parfois comme une musique d'habillage ou Tusks semble se cacher derrière un rideau l'empêchant de se libérer pleinement.

Les ambiances planantes, voire grandiloquentes, du titre Paris et ses échos de synthé ont du mal à nous emporter. Mais sortant des salles obscures pour la suite de Blade Runner, on pense parfois à Vangelis sur des titres comme Dissolve et sa basse 80's au relief gigantesque. En persévérant, on parvient même à déchirer ce rideau qui masque l'essentiel avec des morceaux comme Toronto, sommet glacial du disque rappelant un février Canadien où la fumée sur le lac Ontario s'évapore lorsque l'eau est plus chaude que l'air ambiant. On pense alors aux meilleurs moments de Daughter lorsque Tusks veut nous toucher au cœur. Le dernier titre du disque, London Thunder, repris de Foals, va encore plus loin avec cette voix se perdant dans des graves majestueux, et cette guitare rappelant un peu le Mad World de Gary Jules dans Donnie Darko.

Le spleen de Tusks est contagieux sur ce disque dissolu et cotonneux qu'on pourra écouter l'hiver en regardant tomber la neige. Si le fond l'emporte souvent sur la forme, l'esprit rêveur bloqué dans un train hyper rapide présent sur Dissolve parvient à nous faire rater la station pour demeurer avec lui. Et c'est bien là l'essentiel.
tracklisting
    01. For You
  • 02. False
  • 03. Last
  • 04. Dissolve
  • 05. Rain Slick
  • 06. Paris
  • 07. Ivy
  • 08. Toronto
  • 09. My Love
  • 10. London Thunder
titres conseillés
    Toronto - Ivy - London Thunder
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