Tusks

Gold est le troisième album d'Emily Underhill, alias Tusks, et intervient trois ans après Change.

L'ouverture du disque que constituent les cinq minutes de Wake nous plonge immédiatement dans l'univers de la dame. C'est planant à souhait, avec de très belles nappes de synthé, une très belle voix (parfois doublée) nimbée d'écho. Bref, c'est assez éloigné de Rammstein, mais cela constitue une très belle entrée en matière. Adore semble de prime abord échappée d'un album de Radiohead, avec une rythmique qui rappelle beaucoup le quintet d'Oxford, mais dès que la voix d'Emily Underhill entre en piste – et la mélodie avec –, on oublie Thom Yorke et ses amis. Un morceau assez intéressant, car unissant donc rythmique casse-figure et vraie musicalité.
Artificial Flame est dans la droite lignée, avec un gros travail sur la rythmique et un refrain assez imparable. Emily Underhill montre ici l'étendue de sa palette vocale, avec des couplets chantés très doucement, une voix parfois presque cassée, et au contraire un refrain où elle envoie beaucoup plus de puissance.

Tainted Plates creuse toujours le même sillon, et on commence à percevoir certaines répétitions dans le mode de composition de Tusks. Toujours des couplets avec des percussions qui bastonnent, et toujours un refrain où lesdites percussions s'arrêtent net et laissent la place à la voix doublée de l'anglaise. C'est indéniablement joliment exécuté mais cela manque de variété. The Way voit Tusks changer enfin de formule, avec quelque chose de plus rock, même si toujours assez lent, pour une chanson qui sonne comme une ballade Garbage-esque, avec une très belle production. Sans aucun doute l'une des réussites de l'album.

Read The Room est en mode en piano/voix et peine à franchement décoller. Heureusement, Strangers suit pour réveiller tout le monde avec un refrain assez efficace. Gold donne son nom à l'album, et c'est mérité car c'est l'un de ses tout meilleurs titres, avec des réminiscences des dernières productions de Peter Gabriel, et surtout une mélodie suffisamment solide pour qu'on perçoive clairement que, même sans tous les artifices de production, on est en présence d'un excellent morceau. Body Ache passe assez inaperçue avant la conclusion de l'album que constitue Cold Storm, et qui reprend les choses exactement où Wake les avait laissées au début du disque. Très planant, très agréable sans pour autant prendre aux tripes... jusqu'à ce que la batterie, une gratte bidouillée et la voix saturée d'Emily Underhill ne surgissent soudainement. C'est ainsi que les deux dernières minutes de cet album sont sans doute les meilleures de ce dernier, et démontrent ce que Tusks est capable de proposer à partir du moment où elle ose lâcher les chevaux.

On espère très sincèrement qu'elle continuera d'explorer cette voie car, si Gold est indéniablement un bon disque, qui s'écoute sans déplaisir aucun, Emily Underhill semble tout à fait capable de proposer un très grand disque comme le démontrent ces deux minutes magistrales.