Frank Turner

Le très prolifique Frank Turner ne reste jamais bien longtemps sans rien sortir et il reprend aujourd'hui du service avec Be More Kind, son septième album studio.
Si Positive Songs for Negative People avait été enregistré en neuf jours, il lui aura ici fallu sept mois pour peaufiner son dernier né (signe ultime de sa volonté à ne rien laisser au hasard afin de conquérir de nouveaux horizons outre-Atlantique ?).

Turner a réussi, ces dernières années, à séduire un public de plus en plus large et éclectique grâce à ses prouesses de storyteller ; guitare à la main, il nous contait avec fougue ses amours déçues avec une classe n'ayant d'égal que son charisme. Aujourd'hui, l'exercice est quelque peu différent : l'Anglais amène une portée humaniste et moins égocentrée à sa musique avec les treize titres qui composent Be More Kind. Si Don't Worry, en ouverture, se place dans la plus pure lignée des titres acoustiques de Frank Turner, dès 1933, le ton est donné (« You can't fix the world if all you have is a hammer ») : plus rythmé et électrique, un refrain catchy que l'on imagine très bien en live ; en trois minutes, il explose et expose son regard sur la société et le monde actuels.

Si l'intention est louable, on constate assez rapidement que ce n'est pas suffisant pour qualifier Be More Kind d'album engagé politiquement. A trop vouloir plaire, Frank Turner tombe dans ses propres travers et perd l'identité musicale qu'on aimait tant. A l'instar de Make America Great Again ou 21st Century Survival Blues, l'album semble calibré pour la radio, les chœurs ne faisant que renforcer ce sentiment.
N'allons toutefois pas enterrer le folkeux sur ces quelques fausses notes car il nous prouve, une fois encore, qu'il est pour lui facile de venir claquer une pépite de manière totalement inattendue. La sobre et élégante There She Is ou encore la mélodie nostalgique de The Lifeboat rattrapent les moments de creux.

Avec Be More Kind, Frank Turner nous donne sa vision du monde et fait un état des lieux de l'humanité, tout en gardant son positivisme contagieux. Même s'il vogue vers la facilité, il réussit tout de même, avec la bonne vieille recette de la chanson à texte ou par le refrain catchy, à poser un album correct, même si on lui préfère la fougue d'un England Keep My Bones.