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Frank Turner

Paris, La Péniche Alternat - 18 décembre 2009

Live-report par Anne-Line

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Quasiment inconnu en France, Frank Turner vient ce soir à Paris faire la promotion de son dernier album Poetry Of The Deed. La date, arrangée un peu à l'arrache, sur une péniche, avec des groupes de punk hardcore en première partie, laisse une impression un peu underground. En arrivant à la Péniche Alternat, surtout après le froid glacial du dehors, l'atmosphère est déjà étouffante. Le public, composé d'une majorité écrasante de garçons débordant de testostérone, est déjà à bloc.

Lorsque Frank Turner fait son entrée sur scène, on assiste à un spectacle étonnant : ses ballades acoustiques délicates et mélodiques sont accueillies avec une ferveur digne des plus sauvages fans de Rammstein. On imagine facilement que la majorité du public devait déjà apprécier son ancien groupe, Million Dead, mais le contraste entre l'ambiance de la musique et l'atmosphère bouillante du concert a quelque chose d'assez comique. On peut sentir le bateau tanguer sous les pogos. À défaut de faire chavirer les coeurs, Frank Turner va sûrement faire chavirer la péniche.
Ce soir Frank fonctionne sans setlist, en roue libre. Il commence avec I Knew Prufrock Before He Got Famous, le public part au quart de tour, chante toutes les paroles, le poing levé, pogote, slamme, sue sang et eau. Imperturbable, le chanteur raconte entre chaque chanson ce qui l'a inspiré pour les paroles (en général une fille qui est partie, mais aussi une grande lucidité sur le milieu de la musique), et dialogue avec le public. Certains sont de toute évidence des amis proches, mais il ne fait pas de distinction.

Pour le solo d'harmonica de Dan's Song, il fait monter sur scène un fan pris au hasard. Ce soir ce sera Bruno, qui s'en sort avec les honneurs et les félicitations de Frank. Apparemment, sur les autres dates de la tournée, les musiciens en herbe s'en sont moins bien sortis. Gros moment d'émotion avec Worse Things Happen At Sea, ballade déchirante qui tirerait des larmes au plus endurci des coeurs de pierre. Vers la fin du concert, lorsque Frank enchaîne Long Live The Queen, The Road et Photosynthesis, le public est pratiquement en transe. Il chante si fort qu'on doit les entendre jusqu'au Havre. Le final, sur The Ballad Of Me And My Friends, est complètement délirant : la moitié du public envahit la scène, se place aux côtés de Frank et l'accompagne en chantant « Nous irons tous en enfer ! » avec une conviction fanatique.
Après le concert, Frank s'installe au stand merchandising et vend lui-même ses t-shirts. Il se dégage de lui une sympathie et une bonhommie naturelle. Frank Turner est le genre d'artiste qui entretient une relation fusionnelle avec son public. Les filles tombent instantanément amoureuses de lui et les garçons veulent être son meilleur ami. Chaînon manquant entre Billy Bragg, pour le côté gouailleur et engagé, et Kid Harpoon, pour le côté romantique, les références nautiques et la sympathie, Frank Turner s'est révélé avec sa carrière solo être l'un des songwriters les plus talentueux d'Angleterre.

Que l'on apprécie ou non ses albums solo, l'expérience Frank Turner en live est un spectacle à ne pas rater.
setlist
    I Knew Prufrock Before He Got Famous
    Try This At Home
    Substitute
    Sea Legs
    The Real Damage
    Dan's Song
    Worse Things Happen At Sea
    To Take You Home
    Long Live The Queen
    The Road
    Photosynthesis
    The Ballad Of Me And My Friends
photos du concert
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