Our Girl

Pour les néophytes, Our Girl est un énième groupe sorti tout droit de Brighton. Un énième groupe qui toutefois réussit à se démarquer de ses contemporains. Voix éthérée, pop rock saturée, Our Girl nous offrent un debut album détonant et révélateur d'une génération qui, depuis quelques années, parvient à emprunter à ses aînés tout en y apportant une fraîcheur et un style plus varié et impulsif tout en ne négligeant pas l'aspect mélodique et la complexité des arrangements.

Pour les connaisseurs, Our Girl est tout ça et bien plus encore. Le trio anglais est présent sur la scène musicale depuis bientôt quatre ans, ayant sorti un EP, Normally, et quelques singles qui auront grandement convaincu, dont une reprise envoûtante du Sad Fuzz de Ty Segall. Et quand l'on sait, qui plus est, que derrière le chant se cache la guitariste Soph Nathan des non moins fantastiques The Big Moon, difficile de ne pas être d'autant plus admirateur de ce Stranger Today.


L'album débute sur le single sobrement intitulé Our Girl puis un morceau issu de Normally, Being Around. Nous sommes donc ici en terrain connu si l'on a suivi de près la carrière de Our Girl. La pop du trio sait marier psych rock et shoegaze, contrastant avec la voix cristalline de Soph Nathan, amenant à des compositions aussi explosives que mélodieuses — surtout lorsqu'elles sont aussi inspirées que ces deux premières chansons.
On n'est pas perdu tout au long de la première moitié du disque, celui-ci poursuivant sur des In My Head, I Really Like It, Two Life et un Level qui date déjà de 2015. On sera difficilement déçu tant les deux premières ont une aura presque culte, entre un In My Head à l'outro enflammé et I Really Like It dont le refrain porté par la voix enivrante de Soph Nathan fait toujours autant d'effet.

On sent que cette dernière est avant tout musicienne, Stranger Today mettant autant en avant les instruments que le chant, à l'instar de la seconde moitié rock'n'roll de Two Life, de la balade Level qui monte crescendo dans l'électricité jusqu'à conclure sur un riff dissonant imparable, ou encore du titre de clôture Boring qui, contrairement à ce que son titre suggère, est certainement sur la longueur la plage la plus fascinante de cet opus, aux arrangements et rythmes complexes et mouvants.


Les morceaux « inédits » ne dépareillent donc pas, apportant une cohérence et une symbiose dans un disque qui semble véritablement regrouper le meilleur de ce qu'ont pu créer Our Girl jusqu'à maintenant. Sur Josephine, Soph Nathan et son instrument ne font qu'un, une fois encore la chanson étant divisée en deux parties, passant d'un grunge énervé avec comme point d'orgue les cris viscéraux de la chanteuse à une seconde moitié instrumentale passionnante.
Plus loin, Sub Rosa se porte garant d'être la balade de l'album, a priori classique mais qui se dévoile au fil des écoutes, la voix et les arrangements créant une atmosphère à la Sade qui prend joliment aux tripes. I Wish It Was Sunday démontre ensuite le savoir-faire du groupe, déballant un rock débridé avant de conclure sur un bref a cappella bienvenu. Rarement la pop anglaise n'avait été aussi bien mariée à un rock'n'roll abrasif tel que c'est le cas sur quasiment chaque track de Stranger Today.

À mille lieues de Love In The 4th Dimension en termes de direction musicale, Stranger Today n'en reste pas moins tout aussi riche, éblouissant et soigné que l'album de The Big Moon. Soph Nathan peut donc être clairement fière de son parcours, étant en l'espace de quinze mois au sein de deux disques remarquables et indispensables à une époque où il est relativement difficile d'affirmer son identité musicale.