logo SOV

Laurel

DOGVIOLET

Laurel - DOGVIOLET
Chronique Album
Date de sortie : 24.08.2018
Label : Counter Records
5
Rédigé par Solène Caudron, le 6 septembre 2018
Bookmark and Share
L'œuvre de Laurel est un de ces trésors encore enfouis qui se doit d'être remonté à la surface pour recevoir les acclamations qu'il mérite. Si la jeune londonienne de 22 ans ne s'est faite remarquée jusqu'ici que timidement (bien que très positivement) avec une série de singles et d'EPs publiés sur le tas, DOGVIOLET, son tout premier album, arrive à pic pour la propulser sur le devant de la scène. Et ce n'est pas qu'une façon de parler puisqu'on pourra la retrouver pour une date à Paris le 5 octobre 2018 à l'occasion de sa toute première tournée européenne en tête d'affiche.

Bohème dans l'âme, Laurel est à l'œuvre depuis son adolescence, passant son temps à composer et écrire ses titres dans sa chambre remplie de plantes vertes qu'elle ne se cache pas d'affectionner, son style murissant en compagnie de ces jeunes pousses. C'est ainsi tout naturellement que son album s'en est retrouvé à porter le nom d'une fleur. DOGVIOLET, c'est une définition de l'amour parmi tant d'autres, et s'il traite d'un sujet qui fâche tant qu'au premier coup d'œil le disque pourrait être propulsé au rang d'une love story niaiseuse, le préjuger serait tout aussi simplet ; et au-delà de son propos, c'est un style bien particulier que Laurel s'est étoffé et qui mérite incontestablement le détour.

L'album ouvre sur Life Worth Living qui, sorti en single il y a deux ans, est le titre le plus ancien que l'on trouvera sur l'enregistrement, constitué d'un bon nombre de nouveautés. Le titre fait figure de classique, illustrant à merveille l'univers de la jeune artiste duquel ressort un bercement éraillé par la caresse d'une guitare électrique grésillante accompagnée de l'envoutante voix tremblotante de la chanteuse. La recette de Laurel est composée de peu d'ingrédients maitrisés avec alchimie de sorte que le plat final s'avère être un pétillement ingénieux et texturisé. De Sun King ou South Coast ressortent une mélodie particulièrement profonde, qui a d'ensorcelant qu'elle peut capter sans mal la moindre once de vulnérabilité de son auditeur pour l'entrainer dans sa brise aussi étourdissante que relaxante. Le talent de Laurel repose bien sur cette capacité à capturer l'attention de son public pour le conduire dans son univers réconfortant avec autant de facilité que de simplicité.

L'album n'a pas d'ambigu que son nom dont les figures opposées d'un chien et d'une violette ne sont pas sans rappeler le paradoxe du concept de l'amour dont tous les aspects sont décortiqués dans cet album. Si le sentiment amoureux a une image bien dorée, symbole d'une union vertueuse entre deux âmes-sœurs, cette aspiration au bonheur peut souvent avoir un revers malheureux voire toxique. Empty Kisses et Lovesick sont deux récits de cette externalité négative de l'amour, celui dont la passion qui s'efface se mêle à la répulsion ; dont la rivalité des concernés les porte au bord du gouffre, leur bulle menaçant d'éclater.
Plus encore, si l'amour est vecteur de chagrin quand il relève du vacillement d'un lien, en dehors de son aspect relationnel, il peut aussi bien être un instrument de manipulation découlant du fléau de l'égocentrisme. Voilà de l'amour une dimension alambiquée d'autolâtrie développée dans des titres tels que Same Mistakes, Crave ou Adored, qui traitent de l'affection du sentiment amoureux plus que de l'affection que l'on peut ressentir à l'égard d'une personne. « I don't want you but I still want you to love me », « I'll be adored, give me a crown I'll pass it around and show it off », est ici construite une réflexion plus malsaine que le simple chagrin émanant d'une crise relationnelle. Laurel évoque la frénésie que peut apporter le seul sentiment d'être aimé, considérant la laideur de l'égoïsme qui peut parfois pousser à tirer avantage de l'implication d'une personne qui idolâtre aveuglément quelqu'un qui lui est véritablement cher.

DOGVIOLET est en somme un excellent premier album. Étant le fruit d'un processus créatif de longue haleine se basant sur une réflexion poussée des expériences amoureuses de son auteure, l'enregistrement propose des titres aussi touchants que matures. S'il s'agit d'une narration subjective, le sujet étant plutôt universel, il n'est pas compliqué de s'y identifier, d'autant que le paysage musical de cet album est fidèle à ce que son écrivaine a pour habitude de nous proposer : une candeur dont le raffinement est à couper le souffle. Parce que les choses les plus simples sont les meilleures, fermez les yeux et laissez-vous emporter par la berceuse sentimentale qu'est DOGVIOLET le temps de quelques minutes, vous ne le regretterez pas !
tracklisting
    01. Life Worth Living
  • 02. All Star
  • 03. Same Mistakes
  • 04. South Coast
  • 05. Hold Tight
  • 06. Adored
  • 07. Sun King
  • 08. Crave
  • 09. Lovesick
  • 10. Take It Back
  • 11. Empty Kisses
  • 12. Recover
titres conseillés
    Sun King, Lovesick, Same Mistakes, Life Worth Living, Hold Tight
notes des lecteurs
Du même artiste