John Parish

Treize ans que John Parish nous faisait languir d'un album solo aux sens littéral du terme. Certes l'homme n'était pas resté inactif depuis Once Upon A Little Time en 2005, loin de là. En plus de sa participation à la composition de diverses Bande Originales de films ou à des projets collectifs comme Praying Carver, c'est surtout son activité principale de producteur-enregistreur qui a occupé son temps.
Collaborant avec, entre-autres, Arno, Dionysos ou encore Tracy Chapman, c'est surtout son travail auprès de PJ Harvey qui se dégage. Il a partagé sa route musicale depuis les débuts de cette dernière comme guitariste de son groupe Automatic Dlamini en 1988 et cette rencontre attise depuis l'intérêt. Ensemble, les deux comparses ont collaboré sur sept albums (dont deux co-signés) de la sorcière du Dorset dont To Bring you My Love (1995) et l'époustouflant Let England Shake (2011), un des derniers grands monuments de la folk anglaise.

Et c'est justement cette racine folk qu'on retrouve sous le vernis rock et électrique de ce Bird Dog Dante, titre à l'origine onirique pour un album impressionniste, bricolé et enregistré ci-et-là et qui emprunte des sentiers divers et parfois déroutants.
La construction de ce disque assure une forme de cohérence au sein de la variété des approches musicales de Parish. Dès les premières pistes, il donne ce que beaucoup de ses admirateurs attendait depuis longtemps : des chansons portées par cette voix étrangement juvénile à l'accent caractéristique du sud-ouest anglais. Entre mélodies de folk gothique et blues expérimental, les chansons résonnent comme les émanations sonores d'un pur songwriter inspiré et rigoureux, une race malheureusement quelque peu disparue au sein du paysage musical actuel et qui sait encore manier des harmonies sobres et élégantes mais non dénuées de recherche.
Parmi les titres notables de cette partie chantée, on retrouve Sorry For Your Loss, duo quasi inévitable avec PJ Harvey qui vient rendre hommage au regretté Mark Linkous de Sparklehorse, le très agréable et dépouillé Type-1 ou Rachel, collaboration avec la jeune chanteuse néo-zélandaise Aldous Harding, à laquelle Parish avait apporté son renfort sur son album Party sorti l'année dernière.

Le disque évolue ensuite vers des horizons plus dans l'expérimentation, avec des instrumentaux aux accents progressifs alternant des ambiances teintées de psychédélisme orientalisant (Buffalo), des montées floydiennes (Kikeru) ou des sensations décadentes (Le Passé Devant Nous) avant de clore comme une boucle ce disque par une dernière chanson, l'énergique The First Star.

Sans aucune prétention ou posture, ce disque au charme à la fois mélancolique et serein, se pose comme le témoignage discret d'un arpenteur de la pop, gracieux relais entre tradition et progressisme.