Blood Red Shoes

Cinquième album studio pour le duo de Brighton. Get Tragic, c'est le nom de ce deuxième projet signé par le label de Blood Red Shoes : Jazz Life. Avant tout, Steven Graham Ansell et Laura-Mary Carter ont décidé de s'accorder du repos bien mérité, après une surdose de tournées. L'approche des 15 ans du groupe leur fait tourner la page le son volet agressivement rock de 2014. Le nouvel album change la donne avec ses couches synthétiques. Tragique ? Non. Blood Red Shoes arrivent à assurer le pas avec des morceaux variés.

Le single Eye To Eye, disponible depuis quelques temps, est un garage rock bien cadré. Mais absorber trop de sucre écœure vite, autant qu'un arrangement lourdement dosé en instruments. En revanche, la construction par ajouts fait de Get Tragic un renouveau moins agressif, et plus copieux en termes de directions musicales. Pour la première partie de l'album, on retrouve pourtant quelques morceaux typiques. Ces essais musicaux feraient vibrer Royal Blood ou les Black Keys (Mexican Dress, Bangsar). D'ailleurs, en parlant de clin d'œil, on retient celui à The Kills dans le lancinant Beverly, un titre des plus réussis.

C'est plus tard que Blood Red Shoes réussissent à se dévoiler autrement. On attribue un coup de cœur à l'ambiance voilée proposée par Nearer, et la voix plaintive à la Beth Gibbons du plus bel effet. L'exemple suivant Find My Own Remorse essouffle le tempo. Pourtant, l'instant de mer calme/harmonies vocales laisse une bonne impression. Cependant, cela ne fonctionne pas à tous les coups. Howl apparaît plus banale au fil de l'écoute, avec un riff simplement incessant. Le duo termine sur un point fort, allant des refrains aérés de Vertigo à la saturation excessive d'Elijah, marquant un gigantesque final.

Les difficultés liées au break de Blood Red Shoes ont été, la plupart du temps, bien menées ici. La folle utilisation de l'électronique va de mise avec une production qui ne dénature par le son de nos chers anglais. Il ne s'agit pas là du meilleur disque du duo, et on ne le pense pas transitif, mais il est le résultat d'un labeur intense et d'une remise en question. Un risque qui, parfois, paie.