Girlhood

Selon l'Histoire, il y a quelques années de cela, le producteur Christian Pinchbeck, confortablement installé dans sa péniche personnelle amarrée sur les rives du Regent’s Canal de Londres, aurait entendu chanter l'artiste Tessa Cavanna qui passait par là. Il aurait été si impressionné que celle-ci aurait aussitôt été invitée à monter à bord et enregistrer dans le studio de l'ex-Elephant dès cette nuit-là.

De cette session sont nées plusieurs chansons qui ont ainsi formé leur premier EP paru en 2018. Quelques temps plus tard, après une courte pause durant laquelle tous deux ont vaqué à leurs occupations, c'est avec Girlhood, premier album passé hélas relativement inaperçu dans nos contrées, que nous reviennent Tessa Cavanna et Christian Pinchbeck, plus en forme que jamais.


Dès ses débuts, le duo londonien a disséminé quelques morceaux déjà bien empreints du style Girlhood d'aujourd'hui, entre son premier single My Boy aux notes jazzy et soul, et un Say It à la R'n'B délicate. Mais c'est sur les prochaines compositions que Girlhood posent définitivement leur patte, avec des arrangements minutieux et des refrains irrésistibles, à l'image de Bad Decisions et Keep On portés par le chant déchirant de Tessa Cavanna, ou encore Milk & Honey et son trip-hop à la lisière des Fugees et The Avalanches.

Parmi les titres plus récents, on retiendra essentiellement Queendom et son atmosphère éthérée, l'electro pop soul exigeante de Sister et It Might Take A Woman, l'envoûtant Fever Sweat et ses airs Morcheeba-esque, la sobriété élégante de la balade au piano Fall Away et, surtout, une des pièces maîtresses de Girlhood, The Love I Need et son refrain au gospel imparable.



Alors que l'on aurait pu, dans un premier temps, croire à un album certes de qualité mais grandement redondant, Girlhood au final signent là une œuvre d'une maîtrise sans faille, soignée et forte d'un son personnel habité et hétéroclite, de laquelle en ressort une poignée de pépites impérieuses. À la fois de niche et abordable de par son côté pop, Girlhood est le disque idéal en cette période de reconfinement, à écouter posément au casque et qu’on ne cessera de redécouvrir écoute après écoute.