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Bradford

Bright Hours

Bradford - Bright Hours
Chronique Album
Date de sortie : 19.02.2021
Label : Foundation II
15
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 17 février 2021
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Qui se souvient encore de Bradford, groupe originaire de Blackburn qui sévissait à la fin des années 1980 et aux débuts des années 1990 ? Chouchou de Morrissey à l'époque, le groupe ouvrit pour le célèbre Mancunien lors de son premier concert solo à Wolverhampton le 22 décembre 1988. Ce dernier reprendra d'ailleurs leur premier single Skin Storm en face b de Pregnant For The Last Time au Royaume-Uni et de My Love Life aux Etats-Unis. A leur actif on trouve un album, Shouting Quietly paru en 1990, précédé d'un mini-album compilation édité par le label français Midnight Music et qui fut ensuite retiré de la vente, ainsi qu'une poignée de singles. Le groupe donna bon nombre de concerts à cette période et se sépara en 1991.

En 2017, le label A Turntable Friend édite le double CD Thirty Years Of Shouting Quietly en forme de rétrospective, même si celle-ci reste incomplète, de la discographie du groupe, incluant notamment des démos inédites de l'époque. Et puis en 2018, le groupe se retrouve sur scène dans le cadre du festival Shiiine On Weekender fin novembre en compagnie notamment des Darling Buds, Shed Seven, Sleeper et autres My Life Story.
En 2021, le groupe sort donc son second album près de trente ans plus tard. Le quintet est maintenant réduit à un trio. Ian Michael Hodgson (dit Michael H), guitariste chanteur et le guitariste Ewan Butler sont les deux seuls membres à être encore de la partie. Stephen Street, célèbre producteur notamment de The Smiths, Blur, Lloyd Cole ou New Order et aux manettes pour le premier album de Bradford (il avait également signé le groupe sur The Foundation Label) officie maintenant en tant que bassiste au sein du groupe. C'est dire si la mouture a changé même si les trois compères se connaissent bien.

Et pourtant, ce qui choque à la première écoute de Bright Hours, c'est la grosse différence entre les premières compositions et les douze nouveaux morceaux. La voix de Ian Michael H. a beaucoup changé. Celle-ci était enrobée aux débuts et particulièrement reconnaissable. Ici, il faut bien avouer qu'elle s'est littéralement transformée et qu'on a beaucoup de mal à se dire que c'est le même groupe qui nous avait bercés à cette époque. Alors bien entendu, il faut essayer de faire abstraction du passé et simplement se concentrer sur le contenu de ce nouveau disque. La pop mélancolique de Like Water lance l'album de plutôt belle manière avec sa batterie lourde et ce son bien léché. On sent que la production est, forcément, d'excellente facture, mais le disque reste désorientant malgré tout.
Musicalement le groupe s'en sort. Down Faced Doll, sans crier au génie, démarre plutôt bien avec son tempo accrocheur, mais la chanson est littéralement gâchée lorsque la voix presque hurlante de Ian H. surgit. Et bon nombre de chansons connaitront le même sort. Et que dire de My Wet Face (sorti en simple en janvier) ?

L'album prend parfois une tournure plus électronique avec un petit côté dub comme sur Present Day Array. Même si le groupe a dû pas mal écouter The Clash, on est loin de Sandinista et est-ce vraiment ce qu'on attend de Bradford ? Ce changement de style musical est dérangeant. Certes Shouting Quietly n'était pas britpop (cela n'existait pas encore d'ailleurs) et Bradford étaient une bande de mods. Trente ans plus tard, ses membres ont forcément changé, évolué, mais l'idée de sortir un album, au-delà de se faire plaisir, doit tout de même nécessiter un certain intérêt. Les mélodies sont vraiment faiblardes, surtout avec cette voix irritante par-dessus. Malgré les écoutes, il est difficile de réussir à sauver quelque chose. Peut-être la simplicité de Feathers In The Fire, sans toutefois lui trouver une véritable originalité.

Alors, forcément, c'est une énorme déception. Ce retour si inattendu paraissait vraiment excitant, et puis tout retombe comme un soufflé. L'idée de se reformer n'est visiblement pas toujours bonne. Espérons que d'autres groupes, cultes ou non, réfléchiront à deux fois avant de décider de relancer la machine. Il vaut parfois mieux en rester là. Bradford auraient du quoi qu'il en soit.
tracklisting
    01. Like Water
  • 02. Down Faced Doll
  • 03. The Weightness Of The Pointlessness
  • 04. My Wet Face
  • 05. Present Day Array
  • 06. This Week Has Made Me Weak
  • 07. Bright Hours
  • 08. The Rowing Boat Song
  • 09. Feathers In The Fire
  • 10. Gave A Time
  • 11. I Make A Fist
  • 12. Like Water (Reprise)
titres conseillés
    Like Water - Feathers In The Fire
notes des lecteurs