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Nightshift - Zöe
Chronique Album
Date de sortie : 26.02.2021
Label : Trouble In Mind
4
Rédigé par François Freundlich, le 11 mars 2021
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Voilà un disque qu'on attendait impatiemment, après l'écoute du prometteur single Power Cut aux accents acid-folk, de ce groupe formé de membres évoluant au sein de diverses formations de la sphère underground de Glasgow. Le second disque de Nightshift s'éloigne des influences no wave de leurs débuts pour se rapprocher d'un freak folk bidouillé à la Warpaint, depuis que le groupe a été rejoint par une cinquième membre lors de son enregistrement, la chanteuse et clarinettiste Georgia Harris. Alléchés je vous sens.

Une voix éthérée, monocorde et nonchalante, flottant posément sur quelques boucles de guitare indolentes et entêtantes, voilà comment nous pénétrons dans l'univers parallèle de Zöe. Un lieu où tout est plus calme, où les murs semblent recouverts d'une épaisse couche de mousse violette au milieu de laquelle on pourrait disparaître à force de s'y enfoncer. Non pas qu'on soit devenu fous mais juste pour se baigner dans le moelleux qui nous entoure. On se laisse attirer par un labyrinthe sonore aux couches dissonantes un tantinet angoissantes, bercé par les voix de l'ingénue Eothen Stearn supplantée parfois par celle de Harris. Si cet album sonne de manière si brute, comme enregistré live, c'est qu'il a justement été réalisé pendant le confinement, lors d'échanges entre les différents membres du groupe depuis leurs domiciles respectifs. Chacun se refilait des bouts et y ajoutait ses parties pour aboutir à des superpositions touchant parfois au cosmique. Mais aussi à l'ironie, comme ces parties vocales qui se répondent « hopefully... hopefully... » sur Spray Paint The Bridge.

La première moitié de disque fait la part-belle à la recherche sonore méticuleusement bizarroïde avec des répétitions hypnotiques tournant quasiment à l'electronica, si tout n'était pas si organique. En effet, la clarinette, les cordes dissonantes et autres blips bordés de tambours trainent leurs influences velvetiennes jusque dans cette voix rappelant Nico. Les compositions disposent de leurs propres espace-temps dont elles ont besoin pour se construire. La face B se rapproche davantage (que possible pour Nightshift) d'un format pop avec ce single marathon de plus de sept minutes, qui a coupé le courant dans notre cerveau : Power Cut. « If you close your eyes, do you have a power cut ? » : c'est ce refrain accompagné de nappes de synthé vibrantes qui nous avait intrigué. Des cloches et de la clarinette viennent sonner la charge pour un titre s'achevant dans un crescendo fou ou la mousse violette se transforme en une tornade de sirocco. On approche de la fin avec le titre éponyme et cette répétition de « Zö-Zö-Zöe » semblant être pris sur le vif d'une improvisation qui a bien tourné, après un trip de plusieurs heures.

Nightshift semblent ne jamais vouloir dévoiler les mystères de Zöe. Les écossais poussent toujours plus loin l'expérimentation dans un psych-folk sans aucune amarre, qui semble se construire pour mieux se déconstruire. Les textures sonores se superposent et les chœurs tremblotants s'y lovent avec extase. On en sort comme décousu et prêt à relancer la machine.
tracklisting
    01. Piece Together
  • 02. Spray Paint The Bridge
  • 03. Outta Space
  • 04. Make Kin
  • 05. Fences
  • 06. Power Cut
  • 07. Infinity Winner
  • 08. Romantic Mud
  • 09. Zöe
  • 10. Receipts
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    Power Cut, Spray Paint The Bridge
notes des lecteurs