GoGo Penguin

Il y a un an, GoGo Penguin, trio jazz de Manchester, sortait GoGo Penguin, disque éponyme recueil de magnifiques perles orchestrales et réellement hypnotiques basées sur un jeu de piano, contrebasse et batterie.

M'étant aventurée sur un terrain quasi inconnu à ce moment-là (le jazz dit contemporain où l'on épure un max niveau instruments mais d'où se dessinent des univers aussi complexes qu'enchanteurs), je réitère donc avec GGP/RMX, qui comme son acronyme l'indique est une revisite dudit dernier album par de nombreux noms de la scène électronique.

Double défi ici : se laisser immerger à nouveau dans l'univers de GoGo Penguin (uniquement instrumental pour rappel) et s'ouvrir au très vaste champ des possibles qu'amène le travail de remix. Le trio mancunien s'est voulu audacieux : extirper de leur écrin de velours des titres comme Kora ou Atomised pour les transformer en petites odes électro dub qui amplifient de plus belle le côté planant des titres d'origines.


Les morceaux de base étant tous construits autour du piano élégant et racé, marque de fabrique du groupe, on se laisse alors surprendre par la digression vers un son 100% synthétisé qui modifie complètement la donne : bien que retrouvant la mélodie, le ressenti s'en voit complètement modifié mais pas pour autant altéré. F Maj Pixie, titre phare de GoGo Penguin, prend une ampleur d'un autre ordre. On se rend compte que le travail de Chris Illingworth est totalement transposable vers un autre son, ce qui confirme la solidité de la composition. Le rendu, revisité notamment par Squarepusher et sa basse funky, offre une passerelle étonnante entre un son très moderne et un revival 70s.

L'œuvre de GoGo Penguin est ici revue par quelques autres pointures telles James Holden (le tripant Totem) et 808 State (qui offre à Signal In The Nose un côté house brutale digne de la fin des 90s), mais on retiendra particulièrement l'intervention de Portico Quartet sur le remix de Dont Go qui s'enveloppe dans des volutes sombres presque chamaniques, rajoutant une couche de raffinement au morceau original.


Selon si vos préférences vont vers un rythme à la limite de la tachycardie (Open, Petit A ou Atomised) ou plutôt vers une atmosphère cotonneuse et hypnotique (Embers, To The Nth, Dont Go), vous ne bouderez pas votre plaisir. Ici encore, deux écoles : les amateurs de réinterprétations prêts à s'aventurer sur d'autres chemins ou les aficionados pur jus qui souhaitent maintenir un standing bien précis. Le style de GoGo Penguin étant déjà lui-même un peu hors normes en comparaison avec ce que peut offrir la scène mancunienne du moment, la découverte de ce GGP/RMX est une belle expérience à tenter.

Qui sait si vous ne serez pas étonnés de votre réaction à son écoute...