Morcheeba

Et de dix pour Morcheeba ! En vingt-six ans de carrière, la formation anglaise a subi pas mal de bouleversements, dont un split entre les deux frères Godfrey et la chanteuse Skye Edwards, mais a tenu bon, proposant des albums avec une solidité constante.

Après un Dive Deep foutraque mais assez remarquable, paru en 2008, puis trois disques en dents de scie ces dernières années, Skye Edwards et Ross Godfrey retrouvent aujourd'hui l'essence de leurs premiers albums avec ce Blackest Blue fortement inspiré.


La formule n'a pas changé. Les reverbs de guitare, la voix suave de la chanteuse, les légers accents trip-hop et jazzy : on retrouve ici tout le charme de Morcheeba, que l'on n'entrevoyait que sporadiquement ces dernières années. Dès Cut My Heart Out, on est aspiré dans le cocon chaleureux du groupe, porté par le chant éthéré et les chœurs accrocheurs à la CocoRosie.
Les beats acérés et les sons organiques parsèment ce dixième album. Entre des morceaux tels que Falling Skies, Sounds Of Blue et The Edge Of The World, on ne peut qu'admirer la force de Morcheeba d'arriver à retrouver de son aura après tant d'années, sans pour autant partir dans une toute nouvelle direction.


Pas besoin d'artifices futiles ni de revirement à 360°. Le duo anglais reste fidèle à lui-même, plus inspiré que jamais, sur la totalité des titres que comprend Blackest Blue. Certains sortent du lot, à l'image de l'électrisant The Moon, de l'instrumental haletant Sulphur Soul ou encore de Falling Skies et son ambiance d'une intensité folle.
La composition la plus réussie de l'album est probablement Killed Our Love, aux arrangements maîtrisés et sur laquelle la voix de Skye Edwards fait des étincelles. Seule Say It's Over, balade au piano à deux voix, fait légèrement l'effet d'un pétard mouillé. Non pas qu'elle soit mauvaise, mais elle ne tient clairement pas la comparaison face aux neuf autres plages.


Blackest Blue est une réelle surprise. On pensait en avoir fini avec Morcheeba, consultant ces dernières années les albums d'une oreille distraite, et y trouvant que trop rarement ce qui nous faisait autant aimer le groupe. On peut être fier d'avoir persévérer tant ce dixième opus de Morcheeba est sans l'ombre d'un doute l'un de ses meilleurs.