Johnny Lloyd

A la tête du groupe Tribes au début des années 2010, Johnny Lloyd est revenu dans le game en 2019 avec un album solo et une productivité qui ne se dément pas depuis. Ainsi, après Next Episode Starts In 15 seconds en 2019 est sorti Cheap Medication en 2020 puis La La La cette année, donc. Que penser de cette nouvelle livraison ? Les anglais diraient mixed bag, autrement dit, ça part dans tous les sens ! Entre blues funk à la Black Keys (2367), ballades electro folk (Joypolis), ballades acoustiques (Subscription, Moments On Earth...), rock springsteenien (Perfect Body), indie pop (Close To Home), alt country (It's On You) ou encore glam folk (God Bless Ronny Wood)... On ne sait pas trop où donner de la tête.

La La La s'avère être davantage un enchaînement de vignettes musicales qu'un album cohérent. Et, mis à part le morceau d’ouverture et premier single, le blues funk lancinant 2367, rien ne surnage vraiment. On trouve plusieurs chansons mélancoliques acoustiques (Subscription, Don’t Swim Stoned...) qui tournent souvent à vide autour de mélodies et rythmiques trop conventionnelles. Idem sur Joypolis dont les cinq minutes et neuf secondes lassent rapidement, ou encore sur Moments On Earth, dont l’arrangement peine à refléter la force émotionnelle nostalgique des paroles.

Parmi les moments plus réussis, citons About Time, jolie balade sur une boucle de piano répétitive et nappe de synthétiseurs qui regarde du côté de Grandaddy. Le swing de God Bless Ronny Wood qui évoque de façon patente T. Rex période Cosmic Dancer. Ou encore Beautiful World où, armé d’une guitare, d’un harmonica et de sa voix, Johnny Lloyd touche juste avec une énergie qui peut lui manquer ailleurs.

Mais, globalement, l’auditeur a tout de même une impression de manque de contrôle qualité. Sans doute Johnny Lloyd aurait-il gagner à laisser les morceaux les plus faibles au garage et à soigner également la carrosserie de ses bolides. Car, trop souvent, la production pèche par manque de muscles et d'ambition, laissant l’auditeur rouler sans but au fil de ces chansons disparates sans jamais vraiment lui donner envie de revenir.