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The Maccabees
Johnny Lloyd

Paris, Cigale - 29 janvier 2016

Live-report par Cassandre Gouillaud

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Il aura fallu plus de dix ans aux Maccabees pour s’offrir cette tête d’affiche à la Cigale. Loin, bien loin des concerts complets de la Brixton Academy, un luxe qui ne leur fait plus défaut depuis des années déjà. Il faut dire que ces londoniens incarnent sans doute l’un des exemples les plus vibrants de cette asymétrie entre les deux rives de la Manche. D’un côté, ces vieux amis sillonnant avec fracas les chemins de l’indie pop et du rock anglais ; de l’autre, ce groupe qui, malgré les années, continue d’incarner un secret plutôt bien gardé dans l’hexagone. Une dualité particulière, mais malheureusement loin d’être seule en son genre.

Le dernier souvenir que l’on avait du groupe était celui de ce set à Rock en Seine, où ils s'étaient vus confier l'ouverture de la grande scène. Pourtant, s’il révélait quelque chose de la qualité de leur live, il ne pouvait rétrospectivement qu’échouer à fournir un cadre adapté à la puissance de leur Marks To Prove It, qui est, certes, pourvu de nombreuses qualités, mais qui ne sera jamais vraiment un album de début d’après-midi. Bien que l'on puisse en garder un souvenir agréable, ce rendez-vous avait quelque chose de manqué, et se devait d’être suivi d'une nouvelle rencontre en salle. Rencontre qui permet maintenant de dire ce qui n’avait pas été si évident en août : les Maccabees ont donné naissance à un album viscéral et passionnant, qui trouve définitivement sa plus belle expression entre les murs d’une salle de concert. La Cigale n’affiche peut-être pas complet ce soir, mais qu’importe - elle reste une étape de choix et un cadre idéal pour cette soirée ouverte par Johnny Lloyd, ancien leader des Tribes.

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Le groupe enclenche d’emblée une dynamique effrénée, à l’aide d’un Marks To Prove It pris d’une frénésie implacable, déjà efficace sur l’album, et une véritable claque en live. Suivent Feel To Follow et Wall Of Arms qui, tout en contrastes, oscillent entre pop délicate et rythmiques dansantes. Une formule gagnante chez les anglais, même si c’est sans doute Love You Better qui rappelle le mieux cette maîtrise de la pop aux trois guitares, emmenée par Orlando Weeks, Felix et Hugo White, dont les cordes se soutiennent et se répondent dans une harmonie bien soigneusement établie.

Mais s’il y avait, ce soir là, quelque chose de frappant, c’est aussi ce sentiment de puissance qui emplit chaque coin de l’espace, happe irrésistiblement l’attention. Bien que la setlist ne laisse de côté aucun des quatre efforts du groupe, ce sont clairement, et principalement, les morceaux de ce dernier album qui impulsent de façon privilégiée une frénésie qui ne connait pas de répit. Il fallait plus qu’un Given To The Wild, encore trop sage sur scène, pour laisser pleinement court à ce jeu entre ces trois guitares, qui se défient pour mieux nourrir un relief harmonique d’autant plus riche. Surtout, il fallait un les envolées cathartiques d’un Spit It Out pour atteindre cette apogée où guitares et clavier s’entraînent mutuellement dans un déchaînement tourmenté, doublés d’un « What are we doing now ? » glaçant et hypnotique. Sans aucun doute les plus beaux instants de la soirée.

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Alors qu’ils achèvent leur set principal sur un hymne faits de chœurs redoublés et de guitares aériennes, Something Like Happiness, les Maccabees ont sans doute possible rallié dans leur rang les sceptiques qui persistaient peut-être, et qui se prennent maintenant à leur offrir une ovation méritée. Si leur succès français n’est toujours pas acquis, avec ce Marks To Prove It, le groupe se trouve en mesure, plus que jamais, d’atteindre de nouveaux sommets. Ils reprennent place pour quatre dernières chansons, dont la majestueuse WWI Portraits, et entraînent finalement la salle dans une danse finale sur Pelican, achevant, selon leur propre aveu, leur plus gros concert français à ce jour. Au vu de ce que l’on vient de voir, il y a quand même fort à parier que des étapes supérieures les attendent, dans un futur tout proche.
setlist
    Marks To Prove It
    Feel To Follow
    Wall Of Arms
    Kamakura
    Ribbon Road
    Love You Better
    Young Lions
    Precious Time
    Can You Give It
    Spit It Out
    Silence
    First Love
    X-Ray
    No Kind Words
    Grew Up At Midnight
    Something Like Happiness
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    River Song
    WW1 Portraits
    Toothpaste Kisses
    Pelican
photos du concert
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