Chloe Foy

Voilà huit ans que l'on attendait Chloé Foy, depuis son premier single à succès sorti en 2013, In The Middle Of The Night. La songwriter folk de Gloucestershire via Manchester n'avait pourtant jamais concrétisé avec un album : c'est désormais chose faite avec Where Shall We Begin. Ce premier disque est l'aboutissement d'années de recherches musicales et la volonté de sortir le bon disque au bon moment de sa vie. Et les bonnes choses arrivent toujours quand on les attend !

Ce disque possède un supplément d'âme porté par la profondeur de mélodies limpides entre une folk aérienne et nuageuse et des égarement rock et pop tranchants. Chloé Foy possède une formation classique et cela s'en ressent fortement dans la précision et la méticulosité des arrangements de cordes (elle est également violoncelliste) et les harmonies vocales. Ces cordes s'élèvent dans les finals des morceaux, les transformant en hymnes folk emprunts d'une certaine naturalité.

La voix parvient sans cesse à surprendre, entre différentes tessitures, allant d'une certaine gravité à une sincérité juvénile, ou encore se faisant murmurante et trainante. C'est le cas sur le titre d'ouverture éponyme, une composition folk traditionnelle accompagnée d'un sifflement à tue-tête, comme pour nous dire : "allongez-vous, on s'occupe de tout". Deserve est bien plus lourd avec cette guitare électrique appuyée et cette batterie lointaine : on évolue sans cesse entre Laura Marling et Sharon Van Etten.

Certaines ficelles connues sont reprises sur la très pop Work Of Art mais la réelle touche de Chloé Foy est toujours présente pour nous transporter hors des sentiers battus. On attend néanmoins le milieu de l'album et le titre Bones pour explorer la face plus écorchée de la chanteuse avec un morceau mélancolique que l'on attendait pour nous émouvoir encore plus. Il faut rappeler que cet album s'est fait pendant une longue période de deuil de plusieurs années après le décès du père de la musicienne, qui cherche à poursuivre le rêve que lui n'a pas su réaliser. Les divines orchestrations aux violons sont davantage mises en avant sur la seconde partie du disque où cordes, guitare et voix s'offrent un croisé enivrant et pictural. On préfèrera ces titres plus fragiles et sur le fil comme Left-Centred Weight que les passages semblant plus maitrisés, comme récités. Square Face termine le tout sur un passage a-capella, l'occasion de se rendre compte de la voix saisissante de la chanteuse.

L'anglaise a finalement atteint son but après toutes ses années : sortir un album personnel, touchant et qui semble provenir du fond de son âme. Where Shall We Begin est parfois sombre et déchiré, parfois calme et reposant. Peut-être à l'image de l'intérieur et de l'extérieur de cette artiste complète. On espère évidemment que cela ne fait que commencer pour elle.