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The Divine Comedy

Paris, Gibert Joseph - 3 octobre 2025

Live-report par Laetitia Mavrel

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« Rainy sunday afternoon, I feel like I've really got the weight of the world, Sitting squarely on my two puny shoulders, And I don't know what to do... ».

Une maxime de saison, mais qui prend une tournure plus joyeuse en ce vendredi après-midi automnal. Pour être pluvieux, cet après-midi l'est bien, et c'est malgré les conditions climatiques détestables qu'une grosse poignée de fans se presse au disquaire Gibert Joseph du boulevard Saint-Michel à Paris pour retrouver leur anti-héros préféré lors d'un showcase et d'une séance de dédicaces, à l'occasion de la sortie toute récente de Rainy Sunday Afternoon. C'est déjà le douzième album studio de Neil Hannon, qui pour ce nouvel opus renoue avec ses tendances au spleen et à la contemplation placide d'un monde qui part à vau l'eau. Un album très personnel (on y évoque entre autres le décès de son père) mais dont la simplicité et l'authenticité parlent à tous, rendant ainsi l'Irlandais toujours plus sympathique et charmant, année après année.


Avec cette annonce des plus discrètes, c'est un peu moins d'une centaine de personnes qui ont honoré le rendez-vous, et c'est dans une ambiance décontractée que nous rejoint alors Neil Hannon, avec son sempiternel air de voyageur égaré dans une gare ou un aéroport, qui s'accompagnera seul de sa guitare acoustique, calfeutré entre rayons de disques et accueil du magasin, dans des conditions certes un peu précaires mais toujours avec le sourire. L'événement s'accompagnant d'une dédicace, le temps du live est limité, il nous est donc annoncé quatre titres seulement mais connaissant notre camarade, les conditions ne peuvent jamais se dérouler comme on s'y attendait.

Ainsi, dès 18h pétantes, c'est un Neil Hannon heureux mais sensiblement déjà rincé par cette promotion gargantuesque qui entame, toujours avec quelques paroles amusantes pour briser la glace, son set avec une première version acoustique de Achilles, qui se hisse déjà dans le répertoire de The Divine Comedy comme un futur classique. Debout face à un public énamouré et téléphones en mode caméra, Neil nous interprète ce titre avec douceur mais conviction, en nous mimant cependant les nappes de claviers manquantes, sa voix réussissant à porter loin malgré l'acoustique peu appropriée des lieux.
Les petites blagues un brin potaches sur le fait qu'il risque de planter allègrement le prochain titre car jamais joué seul à la guitare fusent, et nous voici avec la première française de Invisible Thread. C'est donc une première presque réussie, quelques paroles et accords encore balbutiants, jusqu'à ce que la malédiction du musicien en transit s'abatte sur lui : un accordage malheureux et la corde de mi aigue qui casse, réduisant ainsi à néant les projets de setlist qui avait été tracés pour l'occasion.

Le magasin Gibert Joseph regorgeant de disques et non d'accessoires pour musicien, c'est donc en roue libre que se déroule le reste du showcase, nous avons ainsi droit à des débuts de titres qui évitent à Neil d'aller gratter sa corde fantôme. Nous profitons alors avec régal et beaucoup d'humour aux premiers couplets de Songs Of Love, suivis par la toute aussi tronquée More Like Alfie, cette dernière permettant surtout de laisser place au chœur, les « papapapapa » du refrain venant se substituer aux accords impossibles à exécuter. S'approchant dangereusement de la fin du temps imparti, c'est pourtant un Neil motivé malgré une guitare défaillante qui insiste pour nous interpréter comme cela était prévu The Heart Is A Lonely Hunter, pièce maîtresse de Rainy Sunday Afternoon, qui se verra ainsi jouée sur une tonalité légèrement différente, mais ne perdra rien de son charme.


Il est alors déjà l'heure de former la file d'attente pour se voir dédicacer ses disques, CDs, posters ou vielles setlists collector, Neil Hannon se pliant bien volontiers à l'exercice, proposant même systématiquement à chacun des présents la photo souvenir, équipé comme le véritable pro qu'il est d'une jeune assistante qui s'exécutera avec le téléphone de chacun des fans.

L'exercice du showcase comme nous les avons connus dans toutes les enseignes culturelles il y'a fort longtemps étant tombé en désuétude, le soin qu'apporte Neil Hannon à continuer de se rendre accessible à ses admirateurs partout où il se rend fait de lui un artiste unique, qui détient une fanbase plus que loyale, les jeunes ados d'antan revenant plus de vingt ans plus tard accompagnés de leur propre progéniture, comme pour passer le flambeau. C'est donc sous la pluie que nous quittons également The Divine Comedy, ce projet que fait vivre Neil Hannon depuis trente ans maintenant, sa plume perpétuellement affutée et son sens de la mélodie pop toujours aussi brillant. La suite se fera avec ses compagnons de route pour une tournée française qui passera par deux soirées à la salle Pleyel à Paris, les 2 et 3 mars 2026.