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Stephen Fretwell - Busy Guy
Chronique Album
Date de sortie : 16.07.2021
Label : Speedy Wunderground
3
Rédigé par Lena Inti, le 15 août 2021
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En cet été gris, Stephen Fretwell nous livre son troisième album, plein de lamentations, avec de petites touches solaires bien cachées çà et là. Le titre, Busy Guy, fait référence à une blague entre le producteur de l'album et l'artiste. Sorti sur le label Speedy Wunderground et produit, donc, par Dan Carey (Squid, black midi, Fontaines D.C., Tiña) qu'on ne présente plus, l'album est, des mots de Fretwell, une « sorte de recueil de chansons ». Celui-ci illustre les différentes saisons de sa vie : la paternité, le chagrin et la renaissance. Une sorte d'autobiographie poétique, en somme.

Tout au long de ce disque plein de mélancolie, le musicien nous prend par la main et nous emmène dans ses tableaux peints de sentiments, de déclarations et de questionnements, au fil de diverses saisons et couleurs. L'album s'ouvre sur l'hivernal The Goshawk And The Gull, moitié fable moitié questions existentielles sur le temps qui passe et les changements d'une vie. L'été est également évoqué, de manière nostalgique, sur Almond. Ce titre parle d'une longue relation débouchant sur une rupture ; de ses débuts à la naissance d'un enfant, goût doux-amer du souvenir.

Plusieurs morceaux dépeignent des coins et recoins de Londres, comme pour encrer les rêveries mélancoliques de Fretwell dans la réalité. C'est le cas sur Embankment, Oval et Almond, tandis que d'autres chansons portent le nom de couleurs, contrastant avec la tristesse des mélodies et des thèmes : Orange, Pink, Copper et Green. Les couleurs décrivent brillamment des lumières, des endroits du quotidien, ou des sentiments. Et c'est tout là la puissance de cet album : l'expression puissante et poétique de Stephen Fretwell, où chaque mot est choisi et rien n'est laissé au hasard. Tout s'entremêle et fait sens : les lieux, les couleurs, les sentiments. Quant à la musique, on se rapproche ici du folk. Les mélodies sont tristes, parfois relaxantes et légèrement ensoleillées, mais toujours assez (trop ?) minimalistes. De manière assez surprenante, deux titres retiennent notre attention tant certains passages paraissent familiers... Oval nous fait entendre une mélodie vocale très similaire à la magnifique One des irlandais de U2, tandis que l'on pense rapidement à Wild World de Cat Stevens sur The Long Water.

Dan Carey, producteur et ami de l'artiste, a de plus rajouté sur certains titres des bruits de de synthétiseurs débarquant parfois comme un cheveu sur la soupe, on ne sait trop pourquoi ni comment. Comme il est de coutume avec le label Speedy Wunderground, l'enregistrement s'est fait sur une seule journée... en deux heures. Le son brut convoité par Dan Carey permet d'entendre chaque petit détail parfois étouffé par une surproduction chez d'autres artistes/labels. Ainsi l'on peut entendre notamment le glissement des doigts sur les cordes de guitare, et certains petits « défauts » qui font ressortir la mise à nu et la vulnérabilité de l'artiste sur ce disque. Finalement, ce que l'on retient surtout de cet album, c'est le talent de parolier de Stephen Fretwell. Il semble manquer quelque chose dans l'instrumentation, pour que la musique nous emporte autant que les mots.
tracklisting
    01. The Goshawk And The Gull
  • 02. Remember
  • 03. Embankment
  • 04. Oval
  • 05. The Long Water
  • 06. Orange
  • 07. Pink
  • 08. Copper
  • 09. Almond
  • 10. Green
titres conseillés
    The Goshawk And The Gull - Green
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