Bess Atwell

La songwriter de Brighton Bess Atwell nous revient en cette rentrée avec son deuxième album, le premier sorti via le label de Lucy Rose, Real Kind Records. Les ambiances dreamy sont au rendez-vous sur ce disque folk, qu'on ne saurait réduire à une seule influence. Bess Atwell avoue avoir eu une révélation musicale après un concert de Johnny Flynn en 2010 et on ressent dans ce disque les grands espaces de l'Angleterre rurale où elle a grandi.

On avait découvert la musicienne avec son premier single Co-op, petit bijou de folk-pop aérienne qui ouvre l'album. Les trois notes de guitares en boucle qui le composent nous emportent dans un espace hors du temps, bien loin de la coopérative alimentaire près de laquelle elle avait son petit appartement et qui a inspiré le morceau. Sa voix réconfortante, précise et lancinante à la fois rappelle les songwriters américaines de Boygenius, Lucy Dacus en tête. Mais ce disque ne se limite pas à des mélopées folk puisque des échos mélangés de synthé et guitares électrique forment un son spatial et spacieux, autant que précieux. On pense notamment à Beach House sur All You Can Do mais aussi à Massive Attack, sur Silver Fir. Ce titre où quelques reverbs de piano se répètent sur un beat aux accents trip-hop atteint une certaine perfection dans la superposition des cordes brumeuses. Les déliés de la voix n'en font qu'à leur tête, dans cette méticulosité et cette douceur caressante toute particulière.

On se retourne alors vers la pochette du disque où les quatre yeux de Bess Atwell et de son gros chat siamois semblent nous observer directement. On aurait presque envie de leur répondre « hé, pas mal les filles ! ». La guitare acoustique est davantage présente sur le milieu d'album, même si les arrangements caverneux et autres déploiements de violons sont toujours présents. La tendresse de la mélodie est prolongée par des mises en abyme de chants de baleine sur Dolly. Les textes personnels se posent des questions fondamentales avec simplicité et sont parfois comme avoués du bout des lèvres. Bess Atwell ne se cantonne pas au modèle de la songwriter folk classique et se rapproche de la pop indé à la Camera Obscura sur Red Light Heaven avec cette rythmique plus rapide et ses crescendos synthétiques.

C'est un moment relaxant et hors du temps que l'on passe avec Already, Always ; un labyrinthe sonore éclairé à la production soignée forçant l'admiration. Le disque est un oxymore entre simplicité brute complexité sonore aux mille reflets. Nul doute que l'on y reviendra souvent.