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Coldplay

Music Of The Spheres

Coldplay - Music Of The Spheres
Chronique Album
Date de sortie : 15.10.2021
Label : Parlophone
15
Rédigé par Bertrand Corbaton, le 19 octobre 2021
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La sortie d'un nouvel album de Colplay fait toujours son petit effet dans le monde médiatique mainstream, impatient de savoir quelle nouvelle merveille nous est présentée par Chris Martin et ses acolytes. C'est également le moment où s'entendent à nouveau les remarques acerbes et dédaigneuses de personnes pour qui le simple nom de Coldplay est synonyme de bouillie musicale sans âme et grand public.

À ce sujet les quadragénaires et plus se rappelleront sans peine la foudre qui s'était abattue sur U2 lors de la sortie de l'album PoP au milieu des années 90. Pour certains, le gigantisme débordant qui entourait le groupe actait une sorte d'abandon de toutes velléités artistiques, et plaçait les Irlandais dans une dimension qui laissait définitivement sur le carreau une partie des fans de la première heure.
D'aucuns pourront peut-être s'interroger sur ce parallèle hasardeux entre U2 et Coldplay, mais il n'est pas tant question ici de comparer les deux formations, que de s'interroger sur l'influence que fait peser l'image d'un artiste sur le jugement que nous faisons de son œuvre.

À vrai dire, il est nécessaire adopter une attitude médiane. Une attitude pour éviter toute contemplation béate, mais en prenant néanmoins soin de ne pas sacrifier le groupe sur l'autel de sa popularité. Pour Coldplay, cela reviendrait de façon dommageable à oublier des morceaux comme Square One, Talk, ou Cemetary Of London qui forcément, témoignent d'un talent de composition évident.
Le problème posé avec la sortie de Music Of The Spheres pourra dans une certaine mesure rappeler U2, car avec ce nouvel album, Coldplay assument au sens figuré comme au sens propre une nouvelle élévation. Ainsi, il n'est pas difficile de voir dans l'imagerie utilisée, dans le titre même de l'album, l'allégorie d'un groupe qui passe d'un statut mondial à un statut universel. Non content d'avoir répandu son soft rock un peu partout sur la planète, voici donc Chris Martin parti à la conquête des étoiles et des oreilles des aliens.

Pardonnez cette médisance vite dégonflée par le groupe lui-même qui, dans une pensée philosophique peu inspirée, nous rappelle la genèse du thème récurrent de l'espace sur Music Of The Spheres, en définitive prétexte pour évoquer ce qui se passe sur notre planète. Si tel est le cas, la situation ici-bas est pire que toutes les prévisions du GIEC, car ce nouvel album ne laisse vraiment rien présager de bon.

On notera les petits intermèdes ambiants entre les morceaux, afin d'accentuer la connotation spatiale de l'ensemble. C'est amusant, même si ça n'a rien de très novateur. On se souviendra alors que n'est pas Brian Eno qui veut, ce à quoi Coldplay nous rétorqueront que l'on trouve largement pire dans cet album.
Effectivement, car passé ce Humankind sans réelle saveur, Il faudra continuer le voyage entre un Let Somebody Go en duo avec Selena Gomez et Biutyful, tout autant mal écrit que mal nommé. Ces deux morceaux totalement insipides nous ramènent irrémédiablement vers tout ce que la musique grand public anglo-saxonne actuelle a de pire et médiocre dans sa mélodie minimale et sa production maximale. Entre les deux s'est perdu People Of The Pride dont l'idée n'aurait pas été reniée par Muse. Ce titre nerveux et à la rythmique robotique dénote quelque peu. Pourtant, entre le riff et ce bridge faisant immanquablement penser à Iron de Woodkid, on reste sur une impression d'absence de singularité qui ne trompera pas grand monde.

C'est alors qu'arrive à grand renfort d'effets l'absolument ignoble My Universe. Il n'était pas nécessaire de savoir que ce morceau est en duo avec le groupe de K-pop BTS pour se repérer sur l'échelle de l'insignifiant. Mélodie entêtante à se taper la tête contre les murs et production d'une vulgarité sans nom, à l'image de tout l'album, My Universe est un condensé de tout ce que l'on ne voudrait pas entendre. Il aurait été bon de se dire que ce n'est qu'une figure de style, un clin d'œil ou un amusement. Les choix sur Music Of The Spheres sont malheureusement clairs et assumés.
Heureusement, dans ce quasi-néant artistique viennent surnager Higher Power et ses dessous très eighties. Forcément on est à des années-lumières des morceaux les plus inspirés du groupe. Mais il faut visiblement définitivement faire le deuil de tout cela, et dans cette optique, voici enfin un titre positif et dansant qui remettra un peu de chaleur dans les cœurs meurtris des fans les plus lucides.

Avec Coloratura, final de cet immense trou noir qu'est Music Of The Spheres, Coldplay semblent vouloir rappeler à ces derniers qu'ils savent encore raconter des histoires. Ce titre aérien de dix minutes est une véritable respiration, délicat et travaillé, il aurait pu sans difficulté se retrouver sur Parachutes ou X&Y. C'est pourtant bien léger pour supporter l'ensemble.
Car, malheureusement, Coldplay semblent ne plus vouloir trop s'ennuyer à composer des chansons, et préfèrent désormais s'appuyer sur des producteurs, plus adroits pour capturer les tendances du moment que les émotions. À ce sujet, il sera peut-être temps de vous dire que la production a été confié au suédois Max Martin. Quelques recherches basiques finiront de vous convaincre de la direction prise par le groupe.

C'est certainement un peu dommage pour ceux d'entre nous qui espéraient un retour aux fondamentaux pop rock des débuts. C'est désormais peine perdue tant les cinq Londoniens font aujourd'hui dans l'ostentatoire et le racolage grossier. Il vaut mieux se dire que tout est au final simplement dans l'ordre des choses. Ceux qui voudraient encore écouter Coldplay pourront toujours se réfugier dans les premiers albums mais, vraiment, épargnez-vous ce supplice qu'est Music Of The Spheres.
tracklisting
    01. 🪐
  • 02. HIGHER POWER
  • 03. HUMANKIND
  • 04. ✨
  • 05. LET SOMEBODY GO
  • 06. ❤️
  • 07. PEOPLE OF THE PRIDE
  • 08. BIUTYFUL
  • 09. 🌎
  • 10. MY UNIVERSE
  • 11. ♾️
  • 12. COLORATURA
titres conseillés
    COLORUTARA, HIGHER POWER
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