Stereo MCs

Bien avant l'apparition des premiers CDs, les réalisateurs de films de science-fiction faisaient apparaître les extra-terrestres dans des soucoupes volantes. Nous le savons, maintenant, ces OVNI sont complètement aplatis et argentés pour refléter les rayons du soleil, leur donnant l'effet d'une toupie.

Le dernier à avoir atterri sur ma platine a des inscriptions dessus, il y a écrit Stereo MCs, Paradise. Ce vaisseau est piloté par trois anglais. Singularité de cette équipe, ils font du hip-hop comme Depeche Mode fait de la pop : avec des sonorités étranges et obscures à condition d'y prêter attention. Comme ces derniers, leur leader a une tête de ressuscité, car c'est bien un miracle s'il a pu survivre aux orgies de drogues que lui ont permises le succès phénoménal de Connected au début des années 90.

A en juger par la sérénité et le bonheur qui coule dans leur Paradise, les Stereo MCs ont l'air bien clean maintenant. Ils ont également retrouvé leur envie d'’écrire puisque cet album ne vient que quatre ans après leur quatrième album lequel avait marqué leur retour avec Deep Down And Dirty. Il leur avait fallu presque dix ans entre les deux précédents.

L'album a été enregistré à Brixton. Les Guns of Brixton se sont tus, aujourd'hui c'est un quartier plein de vie et de diversité. S'y bousculent une foule de bouches venues manger des spécialités des îles ou téléphoner à la maison dans une des nombreuses boutiques-téléphones. Ce disque se déguste donc, il possède des saveurs parfumées et pas trop épicées et se savoure dans son intégralité, tranquillement.

Plus qu'une ballade gourmande, c'est tout de même du hip-hop. Warhead, le titre d'ouverture, renvoie direct à une ballade dans Los Angeles avec une grosse bagnole et un chauffeur aux breloques voyantes. Le morceau est très efficace et très vite on se retrouve à dodeliner de la tête comme un bad boy.

Heureusement, First Love ou Sun viennent rappeler les murs en briques rouges des quartiers populaires de Londres, noircis par la pluie et la pollution des black cab et double deckers. Stereo MCs n'oublient pas leurs origines. Ils ont commencé en même temps que les Happy Mondays, ça s'entend, surtout dans Sun qui passe probalement en boucle dans les boutiques de fringues.

Ce disque est un jeu de ping-pong entre hip et hop, Londres et LA. The Fear, un des plus beaux morceaux, est une chanson langoureuse que ne renierait pas Lauryn Hill. C'est donc bien le paradis, plus de barrière, nous sommes tous frères et sœurs. Peeeeaaaace !