Dave Pen

J'avais prévenu le rédacteur en chef, je ne veux pas recevoir de projets musicaux déprimants en ce moment ! Quand Dave Pen embarque pour une nouvelle errance sur disque, on peut s'attendre à ce que le parcours soit perturbé par quelques trous d'air, le plan de vol parsemé d'orages menaçants... Premier LP solo de Dave Pen (après celui de son comparse Danny Griffiths AKA D Gee Mono en début d'année) après vingt-cinq ans de carrière au sein d'Archive, We Are Bodies ou BirdPen, l'album Abran Wish & The Light Party sort ce vendredi 29 octobre sur Jar Records.

Si la crise du COVID-19 a laissé des millions de personnes sur le carreau, elle a également contribué à la réflexion, l'écriture et la création, notamment pour le groupe Archive, que ce soit en collectif ou en side-projects. Si Archive teasent depuis septembre dernier un single annonciateur d'un nouvel album prometteur en 2022, BirdPen ont dévoilé leur sixième LP en février de cette année et Danny Griffiths, son projet D Gee Mono en mars de la même année. En cette rentrée 2021 c'est le tour de Dave Pen en solo donc qui, avec ce disque, signe son premier LP en nom propre.

Toujours obsédé par la manipulation de l'esprit, que ce soit de masse ou parcellaire, Dave Pen a écrit un grand nombre de chansons parlant d'instrumentalisation des foules pour Archive ou BirdPen. Mais jamais un concept album en entier sur le sujet. Voilà qui est fait.
Lui qui, très terre à terre court l'Ultra Trail du Mont Blanc en 40h et quelques (2017), prend pour point de départ le culte de The Light Party dont on retrouve de nombreuses occurrences dans la religion bouddhiste, chrétienne et dans les mouvements new âge de San Francisco.

La peur, les sentiments, l'amour, la recherche de contrôle... autant d'émotions décrites et dépeintes dans les neuf titres de Abran Wish & The Light Party écrites dans le home studio de Southampton dans des colorations sonores qui vont du krautrock, au post-punk en passant par l'electronica. Elles content l'histoire d'un homme qui s'est perdu, mais qui a retrouvé la force de reprendre le contrôle sur son esprit et son destin.
Dansant, joyeux, positif, l'album solo de Dave Pen ne l'est pas assurément pas. Mais, malgré les craintes (justifiées) sur le voyage au bout de la nuit proposé en solo par la moitié de BirdPen, il faut reconnaitre à Abran Wish & The Light Party une certaine lumière, au bout du tunnel. Une promesse de ciel bleu délavé par la pluie et de douces alizés après la tempête.

Plus qu'un simple exercice de style pour ce musicien workaholic en quasi-dépression après les multiples confinements, pour cet homme de scène après l'arrêt ou la terrible complication des tournées et des concerts (ndlr : thanks to Bojo the Clown), sur ce premier disque Dave Pen rappelle qu'il est bien un des piliers de la création anglaise depuis vingt-cinq ans et un véritable compagnon du devoir de l'industrie musicale au service de sa majesté.