IDLES

Le confinement a apporté son lot de frustrations et de joyeuses surprises. IDLES, eux, n'ont pas vraiment chômé. Ils ont sorti Ultra Mono, enregistré l'année précédente, mais gardé au chaud jusqu'en septembre 2020. Impossible de partir en tournée pour le promouvoir, ce qui a passablement frustré le groupe reconnu pour ses concerts et qui aurait bien voulu présenter ces nouvelles chansons surpuissantes en live. Cela n'a néanmoins pas empêché le troisième album des nouveaux punks de Bristol de se retrouver en en tête des charts britanniques.

A défaut de donner des concerts, donc, le groupe a écrit et enregistré. Des collaborations avec Tricky sur Lonely Guest, des reprises de Metallica et Gang Of Four pour des albums commémoratifs, un remix de Mogwai, et une version alternative de leur chanson Model Village avec le rappeur slowthai. L'énorme surprise, c'est que le groupe a également préparé tout un album, sans rien dire ou dévoiler, même pendant la tournée des festivals l'été dernier.


Le niveau monte encore d'un cran pour ce quatrième disque qui accroche tout de suite : le groupe est en passe d'aligner une discographie parfaite. The Beachland Ballroom, premier single en ayant été extrait, est carrément un tube qui reprend toutes les qualités dramatiques, personnelles et de puissance auxquelles nous ont habitué le groupe.

Avec le succès, IDLES prennent des airs de côte ouest. On peut certes considérer Bristol comme cette face de l'Angleterre, mais je pense plus au soleil de Californie et ses grands espaces. Leur punk (The Wheel, Crawl!, Wizz), prend de l'ampleur et me fait penser aux classiques du hardcore US comme Black Flag et Circle Jerks. Et on imagine plus volontiers la MTT 420 RR (ndlr : un modèle de grosse moto) dans les grands espaces des parcs américains que sur les petites routes de Cornouailles.


Il n'y a cependant pas que du punk sur CRAWLER, et le groupe emprunte également des chemins plus expérimentaux très réussis (MTT 420 RR, Progress, Car Crash). Ce dernier semble être le thème central de l'album, l'histoire d'un accident de voiture que le chanteur a eu alors qu'il conduisait sous l'emprise de la drogue. La violence du morceau fait le parallèle avec la violence des addictions aussi traitées sur Meds. A force, IDLES sont devenus des champion de l'expression de la violence, pour la colère bien sûr, mais aussi le deuil ou même la joie.

Sans vraiment changer de style, les cinq anglais réussissent néanmoins à se renouveler et prouvent qu'ils ont suffisamment de chansons en eux pour tenir la route aussi bien en studio que sur scène.