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IDLES

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 23 novembre 2017

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Brutalism de IDLES a été l'un des albums événement de 2017. Un disque coup de poing, rageur et inventif. Leur chanteur Joe Talbot est un garçon aussi charmant qu'intéressant. Rencontre.

Vous venez de Bristol, une ville très active musicalement. Cela vous a aidés ?

Oui, bien sûr, cela aide d'être dans un environnement créatif, surtout qu'à Bristol il n'y a pas de son particulier. Nous avons donc pu faire ce que nous voulions sans avoir à nous préoccuper de la façon dont nous sonnerions.

Vous avez créé le groupe il y a cinq ans et votre premier album vient seulement de paraître. Comment cela se fait-il ?

Le groupe existe depuis huit ans en fait. Nous avions besoin de bien nous connaître. Nous avions besoin de nous sentir à l'aise avant de nous lancer dans l'aventure d'un album, de croire vraiment en ce que nous faisions. Les EPs étaient très différents l'un de l'autre. Nous avons mis beaucoup de temps à achever cet album alors que nous écrivons relativement vite.

Vous avez enregistré l'album à Bristol ?

Nous avons une salle de répétition à Bristol que nous partageons avec d'autres groupes mais nous avons enregistré l'album à Londres. Dans un studio super avec une console de rêve.

Nous avons grandi de manière assez lente.

Vous avez reçu de très bonnes critiques pour vos deux EPs. Cela vous a-t-il aidés ?

Oui. Le public anglais n'aime pas qu'on lui dise ce qui est bon ou pas. Nous avons grandi de manière assez lente. La réputation de nos shows a évolué au fur et à mesure. Il s'est construit une famille autour de nous.

Vous prêtez attention aux critiques ?

Oui, c'est un dialogue qui s'installe. C'est une bonne chose d'avoir une réflexion sur ce que tu fais. C'est intéressant de communiquer quelque soit le sujet dont tu parles, pas seulement de musique.

Le titre de l'album, Brutalism, est un terme architectural sur la reconstruction de l'Angleterre d'après-guerre. C'était le terme qui reflétait le mieux ce que vous vouliez exprimer ?

Tout à fait. C'est un titre relatif à tout ce qui a été construit de manière chaotique après la guerre mais c'est aussi un sentiment personnel par rapport à la perte de ma mère. Des deux manières cela parle du fait de se reconstruire.

Comment définiriez-vous votre musique. Punk, post-punk ?

C'est tout ce que tu veux. Si tu penses que c'est punk, ça nous va. Si tu penses que c'est post-punk, ça nous va aussi.

Date Night est un pur morceau post-punk...

Nous étions très fans des groupes post-punk comme Gang Of Four ou Joy Division. Aujourd'hui, nous avons trouvé notre propre voie sans plus nous préoccuper de nos influences passées.

La santé, le bien-être ou l'éducation sont politiques.

Votre disque est politique mais pas de façon frontale. Il est aussi du côté de l'émotion...

Tout est politique. La santé, le bien-être ou l'éducation sont politiques. Émotions et politique sont liés tout comme politique et culture. Il y a interaction entre tous ces éléments.

Votre musique assez abrasive est, je suppose, le reflet de notre société actuelle qui est on ne peut plus violente...

Exactement. Il y a tant de violence autour de nous que cela a un impact sur notre musique. Je serai incapable de jouer du folk par exemple.

Stendhal Syndrome » parle de l'émotion que tu as ressenti face à un tableau...

Mon père est un artiste. L'art m'a toujours intéressé et influencé. Je veux explorer à travers la musique l'émotion que véhicule l'art, pas être le guitariste de base avec une attitude machiste. Ce morceau est à propos de l'émotion que j'ai ressentie face à un tableau dans un musée à Séville sur lequel je suis resté scotché.

Votre musique est sans compromis et vous connaissez désormais un certain succès. Ce doit être un sentiment jouissif de réussir sans être dans le compromis ?

Je ne sais pas si on peut dire que l'on a réussi. Je ne suis pas si surpris en fait parce que je pense que les gens aiment ce qui est honnête et nous le sommes à 100%.

Ce sont vos performances live qui ont bâti la réputation du groupe ?

Le live est important, le studio, aussi. Mais le live est peut-être plus excitant parce que tu as l'interaction avec le public.

De quoi parle le morceau Exeter ?

De la mentalité d'une petite ville de province où les gens s'ennuient, et de ce fait deviennent violents. Il y a plein de villes comme cela en Angleterre. Notre but est d'ouvrir des discussions avec les gens, d'éveiller d'une manière ou d'une autre les consciences.

Vous avez récemment ouvert pour Foo Fighters. C'était une belle expérience ?

C'était juste incroyable. Le public a été super réceptif pour notre groupe. Nous n'avions jamais joué devant une telle affluence. Cela a été une super expérience.

Comment se sont déroulés les festivals en France l'été passé, les Eurockéennes de Belfort et la Route du Rock ?

C'était super. Là encore nous avons joué devant une grosse affluence. Je préfère jouer en Europe qu'en Angleterre. En Angleterre, il n'y a plus autant de passion pour le live qu'il y en avait dans le passé. Nous sommes sur la route sans arrêt et nous aimons le fait de pouvoir jouer autant. Cela montre la reconnaissance que commence à avoir notre groupe.

Vous revenez bientôt jouer en France...

Oui nous venons en décembre. Je suis impatient. Paris est ma ville préférée dans le monde. Je suis déjà allé au Point Ephémère plusieurs fois mais en tant que simple spectateur. Je suis excité d'y revenir cette fois pour y jouer avec le groupe.