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Dave Gahan & Soulsavers - Imposter
Chronique Album
Date de sortie : 12.11.2021
Label : Columbia Records
3
Rédigé par Emmanuel Stranadica, le 26 novembre 2021
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Quelques mois après l'aventure solo, somme toute dispensable, de Martin Gore et son EP The Third Chimpanzee, c'est au tour de Dave Gahan de s'échapper du groupe de Basildon pour une nouvelle collaboration (la troisième en bientôt dix ans) avec Soulsavers. A la différence des deux précédents albums qui ne contenaient des morceaux originaux, Imposter est une collection de reprises choisies par le leader de Depeche Mode.

Un peu plus tôt dans l'année, c'est Nothing Else Matters de Metallica qu'avait déjà repris l'anglais dans le cadre du coffret The Metallica Blacklist. Point de morceau metal dans cet album, mais plutôt des classiques rock, folk ou soul revisités par Dave Gahan et Rich Machin.
L'ambiance chez Soulsavers est assez différente de celle de Depeche Mode, et cans ce nouveau disque, cela n'échappe pas à la règle. L'album débute avec The Dark End Of The Street de James Carr, chanson soul parue en 1967. La version 2021 est plaisante, peut-être un peu moins touchante que l'originale, mais s'avère tout de même de bonne facture. L'entame de cet album est donc agréable avec un Dave Gahan très crooner. Cette chanson avait été revisitée de bien belle manière par Chan Marshall et son Cat Power il y a quelques années de cela, peut-être est-ce cette interprétation qui a donné à Dave l'envie de la reprendre à son tour ? Quoiqu'il en soit, l'anglais s'est attaqué à un autre titre du répertoire de l'américaine pour Imposter et sa version de Metal Heart est joliment poignante.

Strange Religion est peut-être un clin d'oeil à Soulsavers, puisque la version originale a été composée par Mark Lanegan, ancien collaborateur de ces derniers sur leurs second et troisième albums. La reprise est assez réussie même si elle s'avère proche de l'originale. On se demande quand même si Dave Gahan a vraiment voulu se faire plaisir sur ce disque ou s'il y avait un certain challenge à rependre certains morceaux. Car il fallait tout de même sacrément du culot pour oser reprendre Lilac wine de Jimmy Shelton. La version de Jeff Buckley étant exceptionnelle, il eut été miraculeux que l'anglais, malgré sa voix, fasse aussi bien voire mieux. C'est donc sans surprise que la version sur Imposter s'avère finalement assez en dessous de celle du californien. C'est d'ailleurs le moment où le disque se tasse un peu. L'interprétation très blues de I Held My Baby Last Night est un peu téléphonée, voire fatigante. On commence donc un peu à s'interroger sur le véritable intérêt des reprises de cet album.

Cependant, la lumière va réapparaitre assez rapidement, notamment avec la belle interprétation de Shut Me Down, de Roland S. Howard, même si celle-ci reste une fois encore bien proche de l'originale. Smile, de Charlie Chaplin, est quant à elle un vrai petit bonheur de tendresse. C'est finalement avec The Desperate Kingdom Of Love de PJ Harvey que l'album explose vraiment. La version originale dépouillée se voit ici transformée en un rugissement rock parfaitement inattendu et incroyablement réussi. Il en va de même pour la version plus rock du Not Dark Yet de Bob Dylan, même si celle-ci n'atteint pas le niveau de la chanson de l'anglaise. Always On My Mind conclut le disque, et un peu comme pour Lilac Wine il aurait été surprenant que Dave Gahan et Soulsavers puissent surpasser l'interprétation d'Elvis Presley de la chanson de Brenda Lee.

Imposter est en conclusion un album qui manque un peu de magie. L'insuffisance de prise de risque dans la relecture de bon nombre des morceaux nous laisse d'une manière générale un peu sur notre faim. Fort heureusement, y figurent quelques coups d'éclats qui nous permettent de vibrer par moment à l'écoute de ce disque. Mais cette manière trop sage (trop polie ?) d'enchainer sans surprise ces versions les uns après les autres, à l'image de Dave Gahan tapi dans l'ombre sur la pochette, ne peut nous laisser que des regrets.
tracklisting
    01. The Dark End Of The Street
  • 02. Strange Religion
  • 03. Lilac Wine
  • 04. I Held My Baby Last Night
  • 05. A Man Needs A Maid
  • 06. Metal Heart
  • 07. Shut Me Down
  • 08. Where My Love Lies Asleep
  • 09. Smile
  • 10. The Desperate Kingdom Of Love
  • 11. Not Dark Yet
  • 12. Always On My Mind
titres conseillés
    Smile - The Desperate Kingdom Of Love - Metal Heart
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