Chronique Album
Date de sortie : 26.11.2021
Label : Kind Violence
Rédigé par
Laetitia Mavrel, le 29 novembre 2021
IST IST, quintet mancunien fort en timbre, revient deux ans après son premier album Architecture, qui bien que sorti en plein confinement (lors de la réelle mise à pied, qui ne nous manque pas) avait marqué les esprits grâce à la puissance de son post-punk caverneux et ses ambiances un brin Cure-istes.
La suite se nomme The Art Of Lying et comme son petit nom l'indique, la bande d'Adam Houghton déverse sa bile sur des dirigeants menteurs et corrompus, mettant en exergue la perpétuelle lutte opposant des populations à leurs pouvoirs incapables de répondre à leurs attentes légitimes.
Thème malheureusement toujours d'actualité, le sentiment de malaise et de mal être s'étant grandement exacerbé durant la pandémie, les sources d'inspirations n'ont pas manqué pour IST IST qui, comme beaucoup de disques sortant en ce moment, ont écrit et composé durant les confinements.
Ici, cette ambiance pesante sied parfaitement au son du groupe. Le timbre grave d'Adam Houghton résonne à nouveau, légèrement moins guttural que sur le précédent disque, le rendant plus accessible aux oreilles non averties. Le tracklisting nous dévoile dix titres qui se recentrent sur un post-punk fortement teinté de synth wave, les guitares lentes et quasi langoureuses se heurtant aux lignes de claviers froides et étirées (Middle Distance, Extreme Greed).
A la différence d'Architecture dont on sentait qu'il se cherchait, The Art Of Lying s'ancre réellement dans un rock vaporeux aux multiples échos, nous ramenant vers la scène et le son de l'electro rock des pères fondateurs que sont New Order (The Waves, It Stops Where It Starts). Il est à noter que la voix douce mais très ferme d'Adam Houghton se rapproche à de nombreuses occasions de celle de Ian Curtis, rendant l'atmosphère du early Manchester prégnante, tel un hommage aux pionniers.
Mais IST IST réussissent à dégager leur propre empreinte après deux disques : des titres comme If It Tastes Like Wine et Fat Cats Drown In Milk apportent leur lot de guitares nerveuses sur une section rythmique aux petits airs d'Interpol. Les influences sont assumées et très bien digérées, rendant le mélange des genres très intéressant.
IST IST viennent confirmer la bonne santé de la scène actuelle du nord de l'Angleterre, partageant l'affiche avec des styles différents mais tout aussi excitants. Pour avoir essuyer de plein fouet la tempête COVID-19 en maintenant courageusement la sortie de leur premier album au début de la crise, les mancuniens à grosse voix et grosses guitares méritent que les spotlights se fixent sur ce réussi The Art Of Lying, qui sera des plus efficaces en live à n'en pas douter.