Miles Kane

Tout avait pourtant bien commencé pour Miles Kane. Un premier album solo réussi entre soul et glam, un physique rappelant le jeune Paul McCartney, un meilleur ami nommé Alex Turner, un projet avec ce dernier commençant en fanfare avec le grandiose The Age Of Understatement... Et puis, le liverpuldien semble avoir pris le mauvais chemin.

Deux albums solo marqués par quelques fulgurances mais surtout une tendance à toujours aller vers une énergie débridée lourdingue, un deuxième album en demi-teinte avec The Last Shadow Puppets, des remarques sexistes à des journalistes... De l'aveu même de Miles Kane, sa vie hédoniste à Los Angeles, entre déglingue et showbiz, ne lui a pas forcément réussi au mieux.


A trente-cinq ans, l'anglais a désormais pris de la bouteille, a quitté la Cité des Anges et sa fureur pour reprendre une vie plus apaisée à Londres. Résultat, il retrouve sur son nouvel album, Change The Show, l'élégance qu'il avait perdue en route et renoue avec ce qui fait sa force : un sens inspiré de la mélodie combiné et un goût pour les ambiances 60s. La superbe Don't Let It Get You Down en particulier, ovni acid soul avec son intro géniale, rappelle les splendeurs du dernier album de Michael Kiwanuka.

Plusieurs autres titres s'avèrent très réussis : la Lennonienne See Ya When I See Ya, touchante lettre d'adieu de Kane à sa jeunesse où l'on retrouve sa guitare estampillée gorgée de tremolo, la ballade T-Rexienne Tears Are Falling, ou la soul lancinante et cinématique de Adios Ta-Ra Ta-Ra. Tout l'album navigue dans cette énergie, entre ballades aux couleurs sépias (Constantly, Coming Of Age) et morceaux northern soul dansants (Caroline, Never Get Tired Of Dancing, Tell Me What You're Feeling).

Change The Show marque donc un réjouissant retour en forme pour Miles Kane. Sans être un chef d'œuvre, il ouvre une nouvelle ère créative que l'on espère féconde pour l'anglais dont le talent et le caractère solaire sont toujours aussi évidents.